Les Atlantes, si nous ajoutons foi aux récits, ont perdu les caractères de l'humanité ; (…) ils regardent le soleil levant et couchant en prononçant des imprécations terribles, comme contre un astre funeste à eux et à leurs champs.
(Pline l'Ancien. Livre V)


Trita est conçu tantôt comme un homme au-dessus de l'humanité, tantôt comme une variété de génie. En accord avec son nom, il est le « troisième » de trois frères dont les deux aînés (…) ne le valent pas, le jalousent et essaient de le tuer (…) il est le premier guérisseur (…) dans les rituels, il prend sur lui (…) la souillure qui résulte des meurtres nécessaires (…) : il est donc successivement bouc émissaire et purificateur.
(Mythe et épopée. Georges Dumézil. Gallimard 1995)


Il insultait grossièrement ceux qui faisaient du bien mais il chantait les louanges, après les avoir remerciés chaleureusement, de ceux qui lui en voulaient à mort et lui causaient les pires ennuis. (…) je suis Gongolama-Sooké, le dieu bizarre, je suis par ailleurs le confluent des contraires…
(L'étrange destin de Wangrin. Hampaté Bâ. 10/18 1992)


… les femmes (…) qui vous regardent mais dont le regard en réalité vous traverse pour se fixer sur celui qui est derrière vous : le démon, l'ange.
(Christophe et son œuf. Carlos Fuentes. Gallimard 1990)


Le principe [de rétribution/restitution] oblige l'être humain à payer tous les biens reçus des dieux, en particulier de la Terre nourricière et protectrice. (…) Ce paiement est constant tout au long de la vie et sa forme la plus appropriée est le rituel.
Les prêtres donnaient les offrandes à consommer à certains hommes (…). Les malades recevaient ainsi dans leur propre corps la matière de l'offrande (…). Il s'agissait d'hommes contaminés par la force des déesses (…). Etre possédés par l'une de ces maladies signifiait en effet devenir le dépositaire des substances divines.
(Les paradis de brume. Alfredo Lopez-Austin. Maisonneuve et Larose 1997)


Jusque vers le milieu du XIXème siècle, les jeunes paysannes des Lacs, commune des environs de la Châtre, allaient, aux approches de l’équinoxe du printemps, cueillir une grande quantité de primevères, dont elles composaient de grandes pelotes qu’elles s’amusaient à lancer dans les airs. De très vieilles personnes assuraient que cet exercice était anciennement accompagné d’un chant bizarre et presque inintelligible, où les mots « Grand soulé ! petit soulé ! » revenaient à plusieurs reprises en manière de refrain.
On dit au Guédéniau (Maine-et-Loire) qu’une sirène avait des relations amoureuses avec un brocard (chevreuil) de la contrée, et que c’est pour cela que le ruisseau qui traverse le bourg se nomme le Brocard.
Tantôt elles font danser jusqu’à ce que mort s’ensuive, celui qui s’est laissé prendre à leurs agaceries, tantôt elles le poussent pour le faire tomber dans l’eau, tantôt les charmantes jeunes filles se transforment en horribles bêtes.
Quelquefois ces génies de la nuit manifestent leur présence par des lumières…
… en 1884, un habitant de Saint Romain les Atheux (Loire) fut assassiné parce qu’il avait le mauvais œil, et cette année même un cultivateur du Cher a assommé avec sa fourche sa nièce qu’il accusait d’ensorceler le bétail.
Les formulettes adressées à l’alouette supposent qu’on la regarde comme une sorte d’intermédiaire entre les hommes et la divinité, rôle qui lui est vraisemblablement attribué parce qu’à chaque instant elle s’élève vers le ciel.
Les alouettes volent toujours haut, dit-on en Franche-Comté, parce qu’elles vont boire au-dessus du temps (ciel)…
Quand le monde est devenu trop méchant pour que les bonnes dames puissent s'y montrer, elles se sont réfugiées dans les fleurs.
(Croyances, mythes et légendes des pays de France. Paul Sébillot. Omnibus août 2002)


… lors de la fête d'uey micailhuitl, les Aztèques élevaient un mât de cocagne au sommet duquel étaient placés des papiers et une effigie du dieu Xiuhtecuhtli faite de graines de maïs. Des jeunes gens montaient au mât pour en décrocher l'effigie du dieu et la jeter en terre, chacun s'empressant d'en recueillir des morceaux. Le jeune homme qui avait décroché la statue montait au temple et recevait des objets symbolisant sa vaillance.
(L'évangélisation des Indiens du Mexique. Eric Roulet. Presses Universitaires de Rennes 2008)


… le mythe fait intervenir, dans le champ de la création, un faucon fantastique aux ailes de minéraux précieux prenant possession des étangs primordiaux et y établissant son domaine. Cette vision reproduit un instant privilégié qui, depuis l'aube des temps primordiaux, s'est gravé dans la mémoire des hommes, rappelant que l'animal est un maître de l'espace qu'il est capable de parcourir en un clin d'œil…
… ce qui vaut à Horus, faucon divin, d'être « l’Éloigné » par excellence : puisque le nom du dieu est formé sur la racine (…) « être éloigné »…
… dans des temps reculés, un faucon aurait apporté aux prêtres de Thèbes un livre où étaient consignés les honneurs à rendre aux dieux…
(« Dieu » et « dieux » : paradigme naturaliste et scepticisme ? Le « faucon » des dieux et le « cobra » des déesses. Sydney H Aufrère. Deus Unicus. Brepols 2014)


Les Taulipang (…) pensaient que chaque homme possédait cinq âmes, « pareilles aux hommes mais sans corps, l'une dont le départ pouvait provoquer la maladie et la mort, une autre plus légère et une troisième plus légère encore, la quatrième très légère mais encore une ombre. La cinquième âme est la seule douée de parole. » (…) Seule « l'âme qui parle » rejoignait l'autre monde après la mort ; une autre restait avec le cadavre et une troisième se transformait en oiseau de proie.
(Ecrits d'Amazonie. Alfred Métraux. CNRS Editions 2013)


… la blanche biche qui, dans les lais féeriques médiévaux, entraîne le héros dans l'Autre Monde (…). Le lien entre le cerf et l'Autre Monde est évident depuis la Préhistoire, et notamment le Mésolithique durant lequel on enterre bien souvent les morts avec des bois de cerf.
(L'arbre du monde. Patrice Lajoye. CNRS Editions 2016)


… Yggdrasil des anciens Scandinaves, aux racines rongées par le dragon et couronné d’un aigle, sans cesse parcouru par un écureuil qui excite l’inimitié entre les deux créatures.
(Cosmogonies. Julien d’Huy. La Découverte 2020)


Ainsi, les Ghosts Shirts sont-elles des projections presque cartographiques du monde céleste, dont s'enveloppent les danseurs, qui se font accompagner de l'aigle messager du ciel. Elles les aident à entrer dans la transe, par cette expérience de "mort" au cours de laquelle les danseurs abandonnent leur corps terrestre pour accéder au monde des étoiles, où le Grand Esprit veille sur tous les défunts.
(Ce qui est arrivé à Wounded Knee. Laurent Olivier. Flammarion 2021)


… lorsqu’un commissaire municipal et son équipe reçoivent leur charge, un chat est sacrifié pour que le premier bénéficie de la force prédatrice du félin. (…) Au nom du commandant de la police, on immole aussi un chien, dont le cadavre est placé dans une tombe creusée au seuil de la porte du commissariat. Comme le chat, le chien est offert à la Terre. L’union entre le policier-chien et le commissaire-jaguar est, en effet, nécessaire pour que règne l’ordre public.
(Pratiques religieuses et divinatoires des Aztèques. Jacqueline de Durand Forest. Les Belles Lettres 2020)


Il a une apparence féroce et montre souvent ses crocs. Les Espagnols l'affublèrent du qualificatif d'égorgeur. Il est un dieu créateur et civilisateur (...).
Le héros trouve la mort dans ces combats et acquiert alors un visage cadavérique. Aidé par la chouette-chamane, il renaît et retrouve son pouvoir. Il revient sur terre et féconde la Terre-Mère et donne naissance à l'arbre de vie.
(Christian Jeunesse. L'archéologue mars 2022)


... une masse d'écume à proximité de Terre-mère. De ses rayons, il imprégna et couva de sa chaleur cette masse, si bien qu'elle donna naissance à Uanam Achi Piakhoa, les deux Bien-Aimés (...) frères jumeaux de la Lumière, avec pourtant un Aîné et un Cadet, un Droit et un Gauche, tout comme il faut une question et une réponse pour prendre une décision et agir.
... les gens de ces villages étaient conçus-inachevés: ils ressemblaient plus à des fantômes de défunts qu'à nous-mêmes, mais étaient cependant plus proches de nous que le sont les fantômes des défunts, car comme les morts sont des êtres plus finis que nous, eux l'étaient moins que les morts (...). Et aussi, ces gens étaient, voyez-vous, morts au sens où ils n'avaient pas encore commencé à vivre, c'est-à-dire comme nous le faisons à la lumière du jour.
... ces gens étaient vraiment comme la fumée, prenant forme de l'extérieur au contact des choses, comme les graines et les fruits qui ne sont pas mûrs et poussent encore.
Pendant des siècles, les flèches ont donc, figurez-vous, été considérées comme des baguettes enchantées par ceux qui les fabriquaient, les utilisaient, en vivaient et les aimaient. Elles étaient pour eux un symbole - une véritable portion et réserve des forces et des êtres les plus puissants que le monde, les quatre directions, le ciel ou le monde souterrain détenaient à leurs yeux: elles transcendaient pour eux les compétences des archers les plus habiles; elles étaient empreintes de magie et chargées d'intentions, aussi propres à obéir à l'oiseau de vent dont ils utilisaient les plumes pour empenner le fût, au dieu dont le souffle les faisait ondoyer, qu'à eux-mêmes ou à celui qui les avaient fabriquées ou décochées; car c'est la flèche elle-même qui déterminait la chance ou le sort du tireur...
(Tenatsali ou l'ethnologue qui fut transformé en Indien. CNRS Editions 2022)


... des "kinno", sorte d'hommes primitifs qui se transforment en humains véritables quand ils acquièrent chants, danses, tissage et agriculture. (...) des sortes d'hommes-fourmis perdent la capacité de voler et deviennent des humains véritables.
(La caverne originelle. Jean-Loïc le Quellec. La Découverte 2022)


Dans certaines cités auraient même œuvré des putains considérées comme "sacrées" ...
Flora était une divinité agraire, dont les compétences intégraient la sexualité.
Dionysos, mêlant joie et terreur, ivresse et crime, plaisir et cruauté, est, écrit Euripide, "le dieu le plus terrible, mais le plus bienveillant pour les hommes".
(Débauches antiques. Christian Georges Schwentzel. Vendémiaire 2023)


... les démons doivent donc toujours s'efforcer (...) de s'immiscer dans les créatures qui existent selon l'état visible-corporel (...), car ils ne peuvent participer à cet état que de manière pour ainsi dire parasitaire. (...) les croyants doivent être constamment sur leurs gardes pour ne pas les laisser s'approcher d'eux (...).
Le corps humain, que certains textes considèrent comme un microcosme, un monde en miniature, est le théâtre où se déroule ces affrontements.
(Zarathoustra et sa religion. Michael Stausberg. Les belles lettres 2022)


La danse est (…) un moyen d'entrer en communication avec les êtres surnaturels…
... Tatu-tunpa défricha miraculeusement une vaste étendue de forêt qui en un clin d'œil se couvrit de fruits et de légumes merveilleux.
(La religion des Tupinamba. Alfred Métraux Puf 2014)


Le son de la "salpinx" s'accorde volontiers à la clameur guerrière, éventuellement au fracas des boucliers entrechoqués avec les lances pour se donner du courage: il annonce le déchaînement de la violence à venir et galvanise les troupes: on vénérait d'ailleurs une "Athéna Salpinx" à Argos (...) déesse tonitruante s'il en est.
(Au plaisir des dieux. Adeline Grand Clément. Anacharsis 2023)


... le livre de Jérémie nous informe que les femmes judéennes non seulement célébraient [le culte d'Adonis] (qu'elles associaient à la reine des cieux) en plein accord avec leur mari, mais encore qu'elles attribuèrent la chute de Jérusalem et l'effondrement du royaume de Judée à l'abandon de ces pratiques orgiastiques.
(Les graines de l'au-delà. Nissim Amzallag. Editions de la Maison des sciences de l'homme 2023)


Grâce à sa "vision claire", Kuyié voit loin dans le passé. En recourant à une mémoire que ne peut entamer l'érosion du temps, il est capable de parcourir instantanément les chaînes de réincarnations successives d'un même souffle. Il gère les archives de l'humanité. Kuyié (...) représenterait la claire vision du monde, le savoir des justes proportions de l'univers et des lois qui le régissent, la volonté implacable de faire respecter ces lois par les humains.
(Le souffle du mort. Dominique Sewane. Plon 2020)


"... nous ne pouvons pas savoir si l'homme de Lascaux eut à l'égard des animaux dont ils se nourrissaient le même sentiment que le Sibérien ou le Navaho de notre temps. Mais les textes allégués nous rapprochent du monde où l'animal est revêtu d'une dignité intacte, au-dessus du niveau de notre humanité affairée: à mes yeux, l'animal de Lascaux se place au niveau des dieux et des rois." (Bataille)
(Corps rituels. Agnieszka Kedierska Manzon. Maison des sciences de l'homme 2023)


Il entendait que mettre un vêtement c'était se couvrir des paroles du Nommo de rang sept. Il entendait aussi, et surtout, que mettre des parures, pour une femme c'était se travestir en Nommo Septième.
"Le pagne est serré pour qu'on ne voit pas le sexe de la femme. Mais il donne à tous l'envie de voir ce qui est dessous. C'est à cause de la parole que le Nommo a mise dans le tissu. Cette parole est le secret de chaque femme et c'est cela qui attire l'homme. (...) Etre nu, c'est être sans parole."
... des rites durant lesquels, à point nommé, un forgeron frappait la roche avec sa masse ou son fer d'enclume. En faisant sonner le fer dans lequel l'artisan mythique apporta tant de bienfaits, il rappelait aux hommes la puissance suprême d'Amma et du Génie de l'eau, (...) il apaisait les courroux possibles des êtres célestes par cette confession de leur prééminence.
Dans l'union, l'homme ensemence. Il est comme un génie de l'eau qui fait pleuvoir l'eau fécondante sur la terre et la femme, sur les graines des semailles. Ainsi se trouvent liés l'acte agricole et l'acte conjugal.
(Dieu d'eau. Marcel Griaule. Fayard 1966)


Le roi d'Abomey (...) est "hors du commun", à la fois homme et dieu, doué de pouvoirs magiques et spirituels autant que temporels.
(Vaudou. Philippe Charlier. Plon 2022)


La civilisation méditerranéenne ne s'est jamais consolée de la mort de ses aimables dieux folâtres dispensateurs de bonheur, d'amour et de liberté.
(Cinq tambours pour deux serpents. Mireille Aïn. Plon 2022)


... le grand mythe d'origine de toutes les tribus guarani, qui raconte les aventures des jumeaux divins, Notre Frère Aîné et Notre Frère Cadet. Tout le malheur des hommes et leur condition d'habitants de la Terre Mauvaise, proviennent de ce que la mère des jumeaux, doublement grosse des œuvres de son époux, le dieu Nanderuvusu, et de son amant, Notre Père qui sait les choses, refusa d'écouter ses enfants qui, de ses entrailles, s'adressaient à elle: "Comment! Toi qui es encore à naître, tu me parles?" Et elle s'appliqua une claque violente sur le ventre tendu. Ulcérés, les enfants ne lui dirent plus rien, elle se trompa de chemin, parvint chez les jaguars qui la dévorèrent: l'histoire du monde était commencée, elle dure encore.
Au commencement, les Mbya et les Guayaki vivaient ensemble sous le gouvernement de Pa'i Rete Kwaray, le Dieu au Corps de Soleil.
(Chronique des Indiens Guayaki. Pierre Clastres. Plon 1972)


En vérité, lui le grand Soi, non-né, est fait de discernement dans les souffles. (...) Il est le seigneur du tout, le protecteur des êtres, le gardien des êtres. Il est la digue qui sépare ces mondes, pour qu'il n'y ait pas de confusion. (...) A noter que le terme qui désigne la digue, setu, vient d'une racine Si "lier", signifiant par là que celui qui sait ainsi peut comprendre la digue comme un passage, quand s'est dévoilée en lui la connaissance du brahman.
Car les dieux aiment ce qui est secret et détestent ce qui est direct.


Je suis poète. Je suis poète. Je suis poète.
Je suis le premier-né de l'ordre,
avant les dieux, dans le nombril de l'immortalité.


Qu'est-ce que la réalité satyam?
Ce qui est autre que les dieux et les souffles...
(Les Upanisad. Alyette Degrâces. Fayard 2014)


... il n'y aurait eu que deux chamans, nés au commencement du monde, et qui montèrent au ciel pour échapper au feu universel (...) il est fort probable qu'ils sont les jumeaux miraculeux mis au monde par la femme de Mair.
Il semble donc que Mair mène une double vie: doté de puissance sexuelle quand il circule dans le monde terrestre et privé de l'énorme attribut de sa virilité quand il est chef de village et responsable de l'ordre.
La vie sexuelle constitue toujours une menace pour l'ordre social; il n'est donc pas étonnant que Mair se protège en la supprimant: car son ordre repose sur une distinction des statuts et des pouvoirs que le commerce sexuel peut aisément abolir. Pour que la vie humaine soit possible, il est nécessaire d'établir un compromis entre Mair, d'une part, et la sexualité, d'autre part: entre un ordre idéal et une absence idéale d'ordre.
(Aimables sauvages. Francis Huxley. Plon 1980)


Les dieux ne se confinent pas davantage dans les sphères éthérées qui sont leur apanage. (...) Leur énergie remplit le monde et ils sont les principes actifs de ses transformations.
Ils pensaient naïvement que le feu et l'eau étaient frère et soeur et ils avaient le même respect superstitieux pour l'un et pour l'autre.
Un groupe allégorique souvent reproduit, dans lequel un lion représentait le feu, un cratère, l'eau et un serpent, la terre, figurait la lutte des Eléments opposés qui s'entre-dévorent constamment et dont la transmutation perpétuelle et les combinaisons infiniment variables provoquent tous les phénomènes de la nature.
... du corps de la victime moribonde naquirent toutes les herbes et les plantes salutaires (...). De sa moelle épinière germa le blé, qui donne le pain, et de son sang, la vigne, qui produit le breuvage sacré des mystères (...) Le taureau était probablement en Perse, comme en beaucoup d'autres pays, sacrifié chaque année pour assurer la croissance du blé. C'est ce "taureau du blé" qui, par une transposition mythique et une interprétation savante, est devenu l'animal cosmogonique.
(Les Mystères de Mithra. Franz Cumont. WW 2023)


Dans l'âge premier des dieux,
l'Etre naquit du non-Etre.
Naquirent à la suite les orients,
du sein de la Parturiente (littéralement "celle qui a les pieds étendus").
(Hymnes spéculatifs du Véda. Louis Renou. Gallimard 1956)


Le roi Yama est ainsi appelé parce qu'il fait régner la loi en imposant aux hommes et aux êtres la tension grâce à laquelle les choses "tiennent". Un des textes védiques où cette étymologie est mise en lumière montre Yamï associée à Yama (Yamï, en l’occurrence, étant assimilée à la terre et Yama au feu): "par ces deux, toute chose est tenue". (...) Yama est le modèle du roi. (...) le roi humain rend la justice, c'est-à-dire restaure le dharma en châtiant ceux qui ont pu le léser par leurs transgressions.
(Le jumeau solaire. Charles Malamoud. Seuil 2002)


Elle était là, debout, resplendissante, rayonnante, scintillante, les Dieux ne purent détacher d'elle leurs pensées. (...) Agni donc lui ravit la nourriture, Soma la royauté, Varuna la souveraineté, Mitra le pouvoir temporel, Indra la force, Brhaspati la gloire brahmanique, Savitar l'empire, Pusan la fortune, Sarasvati la richesse, Tvastar la beauté.
(Mythes et légendes extrait des Brâhmanas. Jean Varenne. Gallimard 1967)


Quant au scorpion, symbole de la province d'Afrique personnifiée, image ambivalente - maléfique et apotropaïque -, symbole de la Terre et de la fertilité…
L’absence de mot de liaison entre les noms Pluton et Mercure suggère une assimilation entre deux divinités à la fois agraires et infernales.
(Le culte de Mercure en Afrique. Nacera Benseddik. Tautem 2024)


… sur le lointain Mont Kou-che habitent des génies. Leur peau est pareille à la neige brillante. Ils sont délicats comme des vierges. Ils ne mangent aucune des cinq graines, mais ils hument le vent et boivent la rosée. Ils montent sur les nuées et chevauchent les dragons volants pour aller au-delà des quatre mers. La simple concentration de leur esprit guérit les maladies des êtres et procure la maturité aux récoltes.
Le prince occupe la position dominante et ses ministres la position subordonnée ; il en est de même des positions respectives du père et du fils, du frère aîné et du cadet, du vieillard et du jeune homme, de l’homme et de la femme, de l’époux et de l’épouse. Maître et serviteur, premier et second, tels sont respectivement le ciel et la terre.
De vieux bambous sort l’animal rampant qui s’appelle T’sing-Ning ; celui-ci engendre la panthère ; la panthère engendre le cheval ; le cheval engendre l’homme...
(Oeuvre complète. Tchouang-tseu. Gallimard 1969)


… deux pétroglyphes, figurant des anthropomorphes hiératiques, inscrits côte à côte, représentent le couple divin primordial : (…) le dieu de l’orage, aux bras de foudre, placé sur un réticulé qui évoque le champ cultivé ; (…) la déesse-terre, acéphale et cornue, les pieds tournés vers l’intérieur et de sexe féminin, qui doit être fécondée par le dieu de l’orage pour apporter l’abondance aux humains…
C’est le dieu de l’orage, le dieu aux bras de foudre, maître des eaux, qui féconde la terre. A droite, (…) une figure réniforme symbolisant l’oreille, est pénétrée par une flèche (…) l’arme du sacrifice (…). 
… le mythe du fils-époux ou du mariage sacré. (…) le nuage de pluie, le « cadeau de noces » des poèmes sumériens. 
La grande déesse ou déesse-mère enfante le dieu taureau qui féconde à son tour la déesse-terre qui met au monde le taureau...
(Les gravures rupestres du Bego. sldd Henry de Lumley. CNRS Editions 2024)


… l’emplacement a été délibérément choisi dans une zone où la foudre frappe régulièrement ; les corps des victimes du Misti en montrent d’ailleurs de nombreux stigmates. (…) la divinité à laquelle les offrandes de Capacocha étaient dédiées à titre principal était Illapa, le dieu de la foudre et du tonnerre.
(Les Incas. Peter Eeckhout. Taillandier 2024)


Vivement contrarié, [le dieu Enlil] enlève de la maison de Humbaba ses splendeurs terrifiantes et en fait don respectivement à sept entités ainsi sacralisées : au champ, au fleuve, à la montagne, au lion, au roseau, au palais, à la déesse Nungal.
Siavash, le légendaire prince persan dont la mort tragique donne naissance tous les ans à la vie végétale : en dépit du fait qu’il avait passé l’épreuve du feu, il fut décapité suite à l’accusation de viol que lui adressa sa belle-mère Soudabeh (qui était amoureuse de lui) et de son sang poussa la plante (…) qui est le symbole de la résurrection de Siavash sur la Terre..
« Nephthys, c’est le monde souterrain et invisible, Isis le monde supraterrestre et visible » (Plutarque). Comment ne pas penser au blé et aux autres céréales, dont la disparition et réapparition sur terre sont accompagnées par des actions cérémonielles gérées en partie par les femmes ?
(Le matin des dieux. Salvatore D’Onofrio. Editions Mimésis 2018)


Les « manllio hinega » savent changer de taille ; ils sont à la fois chauves et étonnamment velus ; ils s’emparent des passants attardés, les frappent et leur crachent au visage après les avoir dévalisés. Mais cette fois encore, Foroumo refuse : « Il y a des choses dont il ne faut pas discuter pendant la nuit. »
(Afrique ambiguë. Georges Balandier. Plon 1957)


El-lal est l’esprit puissant, sage, bienfaisant, créateur du cosmos qui donna la vie aux Tehuelches ou Tzonekas. Il purgea la Terre des bêtes sauvages dont elle était infestée, il révéla à l’homme le secret du feu, lui fournit des armes, le mit à l’abri, grava dans son cœur des principes moraux.
(Une race qui disparaît. Ramon Lista. Interfolio 2019)


… tous les monastères ferment leurs portes au crépuscule. C’est là une très vieille tradition du désert dont la raison donnée aujourd'hui encore est d’empêcher l’intrusion nocturne des démons. Dès le soleil couché, ils sortent en foule des zones où la lumière les a tenus tapis durant le jour et rôdent autour des monastères pour y tenter les moines. (…) Des moines venus de Grèce y avaient récemment passé une nuit épouvantable, blottis sous leurs couvertures tandis que l’air retentissait de ricanements, de grincements, de cris affreux.
Le mot de folie est ici inconnu. Elle n’est, semble-t-il, aux yeux des moines, qu’une présence un peu plus sensible des démons dans le corps ou dans l’âme. Le remède consiste à chasser le démon par des rites appropriés.
(L’été grec. Jacques Lacarrière. Plon 1975)


Être ambigu qui cause des dégâts et contre les mauvais tours duquel on se défendrait en jetant à l’eau la formule précitée, le kappa, particulièrement redouté pour vouloir attiré dans l’eau les hommes et aussi les chevaux, peut également, à l’occasion, aider aux travaux agraires. Connu dans tout le Japon, ce lutin aquatique, censé habité les étangs, les rivières etc., connaît à travers le pays d’innombrables synonymes …
S’il convient la nuit de se prémunir d’une rencontre avec le défilé des cent démons, il est tout aussi important de s’assurer si, dans une rencontre avec des individus bizarres, on a éventuellement affaire à des renards ou des blaireaux : un regard à travers la manche de son propre vêtement permet de déceler la vraie nature du suspect.
(La sieste sous l’aile du cormoran. H.O. Rotermund. L’harmattan 1998)