Le temple du mont Tlaloc peut donc être considéré comme une matrice terrestre au sommet de la montagne, où des rochers présentant des emblèmes de Tlaloc étaient fertilisés par du sang humain et de la nourriture apportés par les souverains-prêtres. A cet endroit de rencontre de l’extérieur et de l’intérieur, du monde souterrain avec le ciel, les Aztèques recyclaient l’énergie entre l’ordre social et l’ordre naturel.
(Pratiques religieuses et divinatoires des Aztèques. Jacqueline de Durand Forest. Les Belles Lettres 2020)
… c’était de la boue, et pas même une boue séchée mais de la boue encore humide et encore vivante, c’était une boue où se remuaient avec une lenteur insupportable les racines de mon identité.
… l’immonde est la racine – car il y a des choses créées qui ne se sont jamais bonifiées, et se sont conservées telles qu’au moment où elles furent créées, et ce ne sont qu’elles qui ont continué à être cette racine encore entièrement intacte.
(La passion selon G.H. Clarice Lispector. des femmes 2020)
Le héros trouve la mort dans ces combats et acquiert alors un visage cadavérique. Aidé par la chouette-chamane, il renaît et retrouve son pouvoir. Il revient sur terre et féconde la Terre-Mère et donne naissance à l'arbre de vie.
(Christian Jeunesse. L'archéologue mars 2022)
Tamurt, la terre, est une mère qui engloutit ou dévore tout à l'image de la truie ou de la chatte dévorant ses bébés dans l'imagerie populaire...
... en cas de maladie (...) le propriétaire peut être contraint d'abandonner sa demeure et de la reconstruire un peu plus loin. (...) le sol restera à jamais la "terre sale", ce corps ancestral, mère nourricière et dévoratrice à la fois.
Naguère, à l'intérieur des maisons, on procédait à l'érection d'un arbre sur lequel des figures anthropomorphes marquaient la présence de l'"âme du bois". Cet acte, à caractère apotropaïque, répondait à sa manière au courroux de l'"arbre mort", censé dégager une énergie pathogène considérable. (...) Cet acte programmé fondait la relation ombilicale reliant l'habitation à son environnement, et surtout à la terre, divinité tyrannique exigeant une sorte de redevance périodique de la part des vivants.
… les femmes possèdent le contrôle des forces surnaturelles. Elles ne font qu’un avec le Maître du monde, le diable, accumulant ainsi en elles toute la richesse de l’univers. (…) cette surpuissance met en péril la cohésion de la société, de l’ordre communautaire, dont les hommes sont garants.
(La moitié du monde. Jacques Galinier. PUF 1997)
Nous écoutons les bruits de la nuit tels qu'ils pouvaient être entendus avant la naissance des hommes par les "yéténkpanra", les esprits de sous terre. "En ce temps-là, dit un chant de deuil, le monde était encore beau avec le silence": le timbre des voix humaines et le bruit de leurs activités ne le troublaient pas. (...) Nous écoutons monter le silence de la terre. C'est l'immensité de l'univers que suggère le vent soufflant aux abords de la maison vide.
"Layani! C'est sorti!" évoque l'élan d'un arbre vers les nuées, l'envol d'un oiseau, la trajectoire du Soleil sortant le matin de la Terre, sa mère et sa compagne. Le saut d'un Voyant vers le firmament.
(Le souffle du mort. Dominique Sewane. Plon 2020)
L'homme actuel est le chacal creusant la fourmilière, à la poursuite de la fourmi, avatar de la Terre. La femme est la mère incestueuse qui s'avoue finalement vaincue par plus fort qu'elle et qui s'unit à son fils.
(Dieu d'eau. Marcel Griaule. Fayard 1966)
Deux chemins ont les mortels, ai-je entendu:
le chemin vers les Pères et vers les dieux.
Par eux passe ensemble tout ce qui bouge
entre le père-ciel et la mère-terre.
(Les Upanisad. Alyette Degrâces. Fayard 2014)
Aé habitait sous terre; on accédait à son village par le petit trou d'une fourmilière semblable à celle de la fourmi tô-ô, qui vit exclusivement dans les endroits venteux. Grâce à une tache de sang, les gens du village avait repéré cette entrée.
(Aimables sauvages. Francis Huxley. Plon 1980)
... la Cause suprême des stoïciens, chaleur partout répandue et qui a tout formé, et qui, considérée sous un autre aspect, était la Destinée. (...) Le premier principe (...) procréait un couple primordial, le Ciel et la Terre, et celle-ci, fécondée par son frère, enfantait le vaste Océan…
(Les Mystères de Mithra. Franz Cumont. WW 2023)
Le ciel et la terre sont le père et la mère de tous les êtres. Par leur union, ils forment le corps ; par leur séparation, on retourne à l’origine. Ainsi, qui garde l’intégrité de son corps et de son âme sait s’adapter à toute circonstance changeante.
(Oeuvre complète. Tchouang-tseu. Gallimard 1969)
(…) la déesse-terre, acéphale et cornue, les pieds tournés vers l’intérieur et de sexe féminin, qui doit être fécondée par le dieu de l’orage pour apporter l’abondance aux humains…
Très lié au taureau mais aussi à la terre et à l’eau, l’anthropomorphe acéphale apparaît comme une image de l’abondance, reliant entre eux tous les éléments nécessaires à la vie.
… le mythe dit du fils-époux que transmet un texte sumérien remontant au IIème millénaire av. J.C. La grande déesse ou déesse-mère enfante le dieu taureau qui féconde à son tour la déesse-terre qui met au monde le taureau...
(Les gravures rupestres du Bego. sldd Henry de Lumley. CNRS Editions 2024)
… ce sont les femmes qui classaient les graines, les tubercules et les céréales, et choisissaient celles à mettre de côté pour la consommation immédiate, et celles à planter. Les femmes priaient et chantaient à l’attention de la Pachamama lorsqu’elles plantaient pour la première fois des graines dans la terre. Au moment de la récolte, elles louaient cérémonieusement les « mères » des cultures…
(Les Incas. Peter Eeckhout. Taillandier 2024)
Les dieux inférieurs se révoltèrent, obligeant les dieux supérieurs à demander à la mère des dieux, Mami (…), de produire le prototype de l’homme pour qu’il puisse « assumer la corvée des dieux ». Mami accepte et, après avoir obtenu la collaboration du dieu créateur Enki, produit l’Homme en mêlant à de l’argile le sang et la chair d’un dieu immolé : « ainsi seront associés le dieu et l’homme, réunis en l’argile »…
… ces sept guerriers « brillent dans les cieux, sur la terre, ils connaissent les chemins […] comme les hirondelles ils connaissent les fentes de la terre »…
Spenta Armaiti, est la représentante féminine de la terre et symbole de l’humilité et de la bienveillance.
Ce dernier sabzeh est le plus difficile à réaliser car il s’agit d’obtenir le simulacre d’une plante (d’un cyprès notamment) en faisant germer les graines sur un collant tendu sur une petite jarre de terre cuite…
… Ahura Mazda créa la terre et s’accouplant avec elle, mit au monde l’homme primordial…
… la conjonction entre la semence masculine (…) et la terre engendre une plante qui, après plusieurs dizaines d’années, se scinde en des jumeaux siamois, un garçon et une fille, dont le mariage incestueux permet de recréer le monde.
(Le matin des dieux. Salvatore D’Onofrio. Editions Mimésis 2018)
Nosthej, le père de El-lal, tue sa femme, l’éventre avec une pierre aiguisée en lui arrachant le fœtus, désireux de le dévorer. (…). Un rongeur (…) prend El-lal et le cache dans les profondeurs de sa grotte. (…) le Dieu grandira à l’abri de la terre.
(Une race qui disparaît. Ramon Lista. Interfolio 2019)