… on reconnaît [les déesses] à leur caractère protecteur et dangereux ; il existe en effet un lien entre elles et les serpents. Isis, par exemple, est à l'origine de la création de l'Elapidé qui mord la jambe de Rê qui lui cause des souffrances intolérables en vue de lui extorquer ses pouvoirs magiques.
(« Dieu » et « dieux » : paradigme naturaliste et septicisme ? Le « faucon » des dieux et le « cobra » des déesses. Sydney H Aufrère. Deus Unicus. Brepols 2014)


Le double victorieux gravit une immense colline, au sommet de laquelle des femmes l'attendent. Elles le saluent et lui offrent des bananes. L'âme ne doit surtout pas accepter leur offre, ni même leur répondre ou les saluer, sous peine de dévaler la pente raide (...). L'âme serait alors précipitée dans la Fosse-sous-la-Terre, et amener à s'y dissoudre ou, plus rarement, se métamorphoserait en bête carnivore ou en dangereux serpent.
(L'aube des mythes. Julien d'Huy. La Découverte 2023)


... le serpent, malgré le danger qu'il représente très souvent pour l'homme, est généralement associé dans l'Antiquité (tout comme dans les sociétés traditionnelles) à la sexualité, au bien-être, à l'abondance, à la santé et à la guérison, entendue comme le recouvrement des forces vitales.
(Les graines de l'au-delà. Nissim Amzallag. Editions de la Maison des sciences de l'homme 2023)


L'ancêtre, devenu vieux, avait coutume, lorsque les adultes étaient au travail, de garder les enfants dans la maison de son fils aîné. Un jour, il se transforma en serpent (...) le fils aîné, revenant inopinément des champs, surprit le vieillard en pleine métamorphose. Celui-ci, honteux d'être découvert, se mua aussitôt en antilope chevaline pour s'enfuir plus vite.
(Dieu d'eau. Marcel Griaule. Fayard 1966)


Un groupe allégorique souvent reproduit, dans lequel un lion représentait le feu, un cratère, l'eau et un serpent, la terre, figurait la lutte des Eléments opposés qui s'entre-dévorent constamment et dont la transmutation perpétuelle et les combinaisons infiniment variables provoquent tous les phénomènes de la nature.
(Les Mystères de Mithra. Franz Cumont. WW 2023)


"[Savitar] a mis un frein à la voracité des chasseurs de serpents."


Elle, la purifiante, qui fut le serpent,
sur laquelle sont les feux à l'intérieur des eaux,
elle qui livre les démons, les insulteurs des dieux...
(Hymnes spéculatifs du Véda. Louis Renou. Gallimard 1956)


... la mélodie est caractéristique du dieu de la mort Yama, car le but est d'aider le mort à parvenir au royaume de Yama (...). Ce poème, traditionnellement attribué à la Reine des serpents est pour l'essentiel une invocation au Soleil (...) le serpent mythique Arbuda s'est débarrassé de sa peau morte grâce à ses strophes…
(Le jumeau solaire. Charles Malamoud. Seuil 2002)


Chaque jour à midi [le serpent prophète] sortit en rampant pour les aider [à abattre le Mal], chantant les louanges des Pierres du pressoir [du soma]...
(Mythes et légendes extrait des Brâhmanas. Jean Varenne. Gallimard 1967)


… les ophidiens sont géométrisés, réduits à leurs caractéristiques essentielles, jouant sans doute sur la métaphore visuelle avec l’éclair, comme pour matérialiser peut-être les correspondances que les Incas y voyaient, et aussi avec l’eau et les méandres des rivières, qu’on voit systématiquement creusés en surface des grands affleurements rocheux…
Le rocher sculpté de Samaipata consiste en une énorme crête (…). Il est recouvert de représentations figuratives de félins, de serpents et de figures géométriques telles que des losanges, des méandres, des triangles, des rectangles et des cercles.
(Les Incas. Peter Eeckhout. Taillandier 2024)


Le symbolique du santal marie à la fois le spirituel et le sexuel dans une union qui, en Inde, berceau du tantrisme, ne choque personne. Le santal aide à éveiller la kundalini à partir du chakra racine, cette énergie primordiale que l’on représente souvent en serpent remontant le long de la colonne vertébrale.
(Arbres sacrés du monde. Aurélie Valtat. Editions Eyrolles 2025)


Au passage [de Râ], [Isis] prélève sa salive tombée au sol et la mélange à de la terre pour en modeler un serpent « bien pointu ». Elle le place sur le chemin emprunté quotidiennement emprunté par Râ et celui-ci le pique.
(Lettres égyptiennes. Michel Dessoudeix. Actes sud 2025)


A la fin des temps, le monde sera détruit et le Noun ainsi que le flot Hehou envahiront tout « comme lors de son premier état », le dieu créateur restera avec Osiris et se transformera à nouveau en serpent, « que les hommes ne peuvent pas connaître, que les dieux ne peuvent pas voir » (Livre des morts).
… cette main est celle du dieu Rê qui créa en se masturbant. (…) Les quatre doigts ayant pris part directement à l’acte vont se transformer en serpents et, en se révoltant contre Rê, deviendront les        « Enfants de l’Impuissance ».
Avant même la création par la parole, qui fut sa première manifestation de vie, le démiurge façonne sa personne physique et quelques serpents, ceux-ci vont l’assister dans la création. Ce sont des êtres souterrains qui seront les premiers habitants du tertre initial. Ils ne sont pas préexistants mais antérieurs à la création.
« La figure du serpent sert d’incarnation au temps ; son corps formant plusieurs circonvolutions permet de s’imaginer les réserves sans fin du temps, les « millions d’années » qui sont accordées à la    création ». (E. Hornung)
(Le papyrus des sept propos de Mehet Ouret. Yvan Koening. Institut français d’archéologie orientale 2024)


… Dan, serpent python et arc-en-ciel, messager unissant les êtres et le monde, symbole de fécondité dont deux avatars s’identifient l’un au cordon ombilical qui conduit l’enfant jusqu’au sol où la mère accouche, l’autre au pénis dont il est le produit et que symbolise en retour le palmier hô-de.
Nous retrouvons ce même morphème /chi/ aussi dans d’autres mots composés, tels oro-chi : [esprit du] serpent, ou aussi mi-tsu-chi : esprit de l’eau – serpent.
Le fait que le kami de la foudre soit fréquemment représenté sous la forme d’un serpent, précisément l’animal qui est une des manifestations de la divinité de l’eau, n’est sans doute pas – explication rationnelle – sans lien avec les précipitations d’eau accompagnant un orage.
« Maro éleva sa voix et fit entendre sa colère : « (…) D’où viennent donc ces dieux, qui sont donc ces dieux qui ne se soumettent pas à l’œuvre civilisatrice du souverain ? » Il ordonna aux paysans soumis à la corvée : « Tout ce qui se voit, poissons, insectes, etc., sans crainte et sans hésitation, tuez tout ! » Il avait à peine fini de parler que les serpents maléfiques s’enfuirent se cacher. »
… il est intéressant d’observer que cette divinité [« grand maître du sol »] se montre (…) sous la forme d’un serpent…
(Corps des dieux. SSLD Malamoud/Vernant. Gallimard 1986)


« Apollon (…) tua le dragon infernal. Python. Il le laissa pourrir. De ce pourrissement germa la force du dieu de l’harmonie, de la lumière, de la divination. » (Séféris) (…) la purification naît de la putrification.
(L’été grec. Jacques Lacarrière. Plon 1975)


[Le jour du serpent] est aussi le jour où les poupées faites de matières végétales ou de papier, substituts des impuretés, étaient jetées à l’eau…
(La sieste sous l’aile du cormoran. H.O. Rotermund. L’harmattan 1998)