L'article, à la une, était orné d'une photo d'un médecin souriant, gras à souhait, chauve, en blouse blanche, et semblant sortir en droite ligne d'une publicité de dentifrice… il n'y avait pas de rubrique d'actualités dans le journal. Le reste était exclusivement consacré aux femmes. Mode, mondanités, mariages et fiançailles, activités culturelles, jeux.
(La porte obscure. Philip K Dick. Omnibus 1994)


… à Versailles, comme dans le palais de l'ensorceleuse, on chante, on danse et l'on se divertit, à condition d'avoir sacrifié sa liberté.
(Le jardinier de Versailles. Alain Baraton. Le livre de poche 2006)


Si elles sont mal lunées et chopent un type qui n'est pas sûr de lui, elles le titillent, elles le mettent hors de lui, il raque, et il finit par péter les plombs.
… cette culpabilité diffuse et bourbeuse qu'elle a passé sa vie à essayer de lui inoculer.
(Crémation. Rafael Chirbes. Rivages 2009)


Vous avez transformé les hommes en pédégés, en employés de bureaux, en ouvriers qui pointent à l'usine. Vous avez changé les femmes en ménagères, ces créatures redoutables !
(De mémoire indienne. Lame Deer et Jean-Jacques Roudière. 2009)


Les hommes d'une tribu khasie matrilinéaire de l'est de l'Inde réclament l'égalité des sexes (Le monde 29/12/10) : « C'est uniquement la mère qui s'occupe de son enfant. L'homme n'a même pas le droit de participer aux réunions de famille. Il a contre lui un clan : celui de sa femme, de sa belle-mère et de ses enfants. Alors, il ne lui reste plus qu'à jouer de la guitare, chanter, tomber dans l'alcoolisme et mourir jeune ».
(Halte à la clitocratie. Le canard enchaîné 5 janvier 2011)


Les hommes n'avaient qu'à se débrouiller comme toujours. Les mâles n'ont que ce qu'ils prennent (…) Et parce qu'ils sont la cause de tout, on les envoie aux pires endroits, à la chasse, à la guerre, construire des cabanes pour les enfants (…) Les mâles ne sont utiles que tant qu'ils sont vigoureux. (…) Triste est le sort du malheureux incapable de s'emparer de ce qui lui revient, de se battre pour se faire une place au soleil, de s'exprimer dans la langue du pays, de gagner au jeu ou de manier l'humour pour amortir les chutes. Il n'éveille ni la pitié comme un enfant ni le désir comme une femme…
(Les tribulations d'un lapin en Laponie. Tuomas Kyrö. Denoël)


On raconte que (…) les femmes nartes tenaient jadis l' « assemblée des mères » (…). Nos vieillards racontaient que (…) on [y] parlait de ce qui arriverait aux gens dans l'avenir, on déterminait les évènements qui devaient se passer.
(Mythe et épopée. Georges Dumézil. Gallimard 1995)


Un adage peul dit : « Veux-tu qu'une femme diminue le respect qu'elle a pour toi, ou même cesse complètement de te respecter ? Alors couche avec elle et tu seras largement servi. »
(L'étrange destin de Wangrin. Hampaté Bâ. 10/18 1992)


L'air ambiant est à l'oralité dévorante, la jouissance sans limites. Nous avons glissé vers le matriarcat, comme si la société était un gros sein, dispensateur de tous les biens possibles. (…) Les papas poules sont des secondes mamans, d'où la surconsommation qui est une dépendance addictive qui peut pousser son principe jusqu'à l'effondrement. (…) « Profiter » est un leitmotiv principal. (…) Les slogans publicitaires vous font croire que tout est possible. Ils réduisent l'écart entre la pulsion et le réel. La jouissance conçue comme éternelle de l'enfant s'épanouit lorsque la réflexion disparaît ou n'est pas apparue. L'image domine outrageusement le langage.
(Dominique Barbier. Nexus novembre 2013)


Plus je pensais à Maman, plus je m'éteignais…
Elle n'arrive pas à comprendre qu'un artiste ne parle pas pour ne rien dire et n'écoute pas les bavardages inutiles.
Quand est-ce qu'on sera délivrés du spectre de Maman ? Jamais peut-être.
(Requiem pour un autre temps. Krishna Baldev Vaïd. Infolio 2012)


… on a laissé au père le statut de chef de famille sur un point : le lieu de résidence de la famille. (…) Cet avantage donné au père, si peu contraignant qu'il en devenait symbolique, était destiné à contrebalancer l'avantage réel et énorme que la gestation donne à la mère. Si les choses en étaient restées là, nous ne serions sans doute pas où nous en sommes.
(La notion de limite n'a plus droit de cité. Aldo Naouri. La Décroissance novembre 2014)


Ne te marie que lorsque tu te seras dit que tu as fait tout ce que tu es capable de faire (…) Tout sera gaspillé dans des futilités (…) tu sentiras à chaque pas que pour toi tout est fini, tout sera fermé, à l'exception du salon où tu ne compteras guère plus qu'un valet de cour ou un idiot…
(La guerre et la paix I. Tolstoï. Folio 1972)


… si les pères se comportent comme des mères, ou s'ils cautionnent le pouvoir des mères sans réfléchir à leur propre rôle et à leur pouvoir, cela donne des enfants qui (…) ont l'impression de ne jamais avoir eu l'occasion de rencontrer leur père. Et c'est bien là le problème le plus grave de notre époque.
(Comment paye-t-on les fautes de ses ancêtres ? L'inconscient transgénérationnel. Nina Canault. Desclée de Brouwer 2007)


… avec la mort du père, c'était la famille qui comme un immeuble s'effondrait. Comme un arbre tombait.
(Les chroniques de Zhalie. Yan Lianke. Philippe Picquier 2015)


Essaie-t-il d'être le bon prince comme il l'est toujours, le gentil fi-fils-à-sa-maman ? Ou bien passe-t-il d'une certaine façon d'un état à un autre, tel un clown revêtant ses multiples costumes, jusqu'à ce qu'il se retrouve seul avec l'horizon en toile de fond…
(Candide et lubrique. Adam Thirlwell. L'olivier 2016)


Elle retournera tes faiblesses contre toi. (…) Elle finira par te vider de tout, dignité, amour-propre, énergie, envie de vivre, espoir. C'est un vampire.
(Le coma des mortels. Maxime Chattam. Albin Michel 2016)


Je n 'épouserai un homme que s'il s'est agenouillé devant moi.
(Le mystère de Listerdale. Agatha Christie. Librairie des Champs Elysées 1963)


Les louves aussi sont des mères.
(Antonio Reyes Huertas)


Peu de couples sont aussi malheureux que ceux qui, trop orgueilleux, refusent d'admettre leur échec. (…) Comme elle ne lui demandait rien, pas même de l'affection, elle était la seule femme au monde avec laquelle il se sentît complètement détendu.
(Sans les mains. PD James. Fayard 1987)


… la reine (…) tombée amoureuse de lui, le retient prisonnier dans son château. (…) une femme, détentrice de la Souveraineté, provoque les prouesses de ses prétendants afin de déterminer à qui elle confiera la mise en activité de ses pouvoirs.
… le gouffre où la fille du roi faisait jeter ses amants morts étouffés dans un sac.
… la femme tentatrice et inquiétante parce qu'elle transforme les êtres…
(La tradition celtique. Jean Markale. Payot 1975)


Le Ciel sait, dit le comte, que j'aimerais mieux que mes fils fussent tués (…) plutôt que de livrer (…) ma fille aux mauvais traitements et à sa perte.
(La forêt de Brocéliande. Félix Bellamy. EDR 2016)


Marcuse soulignait déjà en 1963 que l’enfant né dans une famille « permissive » n’en serait que moins capable ensuite de s’opposer au monde tel qu’il va. Il prévoyait l’évolution vers une « société sans pères »…
La perte des limites serait donc, d’une certaine manière, due au rôle prépondérant des mères dans la société contemporaine et à la prétention à l’égalité des sexes.
(La société autophage. Anselm Jappe. La découverte 2017)


Les Germains, écrit Tacite, croient qu'il y a dans les femmes quelque chose de sacré et de prophétique (…). Pendant assez longtemps chez les Gaulois, dit Saint Foix, les affaires civiles et politiques avaient été confiées à un sénat de femmes (…). Plutarque dit qu'un des articles d'Annibal avec les Gaulois portait : « (…) Si quelque Carthaginois se trouve lésé par un Gaulois, l'affaire sera jugée par le Conseil supérieur des femmes gauloises. »
(La forêt de Brocéliande. Félix Bellamy. EDR 2016)


Le monde des maîtresses d'école est encore plus étroit que le nôtre. (...) Elles ne quittent presque pas leur classe, elles y restent entourées de leurs petits subordonnés comme des reines de fourmi potelées et indolentes...
Je n'aurais pas parlé de ces femmes insignifiantes (...) si elles n'avaient été à l'origine de toutes les modes affolantes qui secouent l'école tour à tour: les bocaux avec des algues, les cuillers d'huile et les lavements au Cico soda (...) et combien d'autres toquades dont elles étaient les premières, quand la mode passait à autre chose, à rire et à se demander comment elles avaient pu être aussi bêtes.
Les femmes de ménage ramassent patiemment les éclats multicolores en hochant la tête devant la dinguerie des enseignantes.
De tous les épisodes de ma vie ultra-banale, c'est celui du mariage qui m'a le plus effrayé. Peut-être parce que c'est le seul qui n'aurait jamais dû exister, qui n'a rien en commun avec l'axe de ma vie. Je n'ai jamais voulu me marier et pourtant j'y ai été poussé par une force que j'ai toujours sentie étrangère et hostile. (...) combien pire ça pouvait être de se retrouver marié que pendu!
L'enfant (...) ne peut être pour moi qu'une petite fille. Un garçon expulsé d'un ventre ne pourrait être qu'un monstre mélancolique, digne d'être exposé, de flotter dans un bocal rempli de formol, dans un musée sinistre comme celui de la morgue.
(Solénoïde. Mircea Cartarescu. Noir sur Blanc 2019)


… aux origines du monde, les premiers hommes et les premières femmes demeuraient séparément, de chaque côté d’une rivière. Les uns vivaient de chasse, les autres de la récolte des graines. Un jour, les hommes tuèrent une antilope Springbok. Ils n’avaient pas de feu, car, faute d’attention, ils l’avaient laissé s’éteindre. Ils avaient si faim, et si peu de patience pour rallumer un nouveau feu, qu’ils envoyèrent l’un des leurs en demander au village des femmes. Le messager rencontra un femme près de la rivière ; elle l’invita à la suivre chez elle et lui dit d’attendre qu’elle écrase les graines qu’elle venait de récolter, puis qu’elle lui fournirait du feu. Elle prépara une bouillie à partir de sa récolte et en fit goûter à son hôte. L’homme se régala, et décida d’habiter avec la femme. Les autres hommes restés de l’autre côté de la rivière attendirent longtemps. Finalement, ils décidèrent d’envoyer un nouveau messager. Celui-ci rencontra une autre femme, et ce qui s’était déjà passé se reproduisit. L’homme, rassasié, décida de s’installer. Tour à tour, chaque homme restant fut missionné pour aller quémander du feu dans le village des femmes et tous s’y établirent, convaincus par leur ventre qu’ils étaient au meilleur endroit possible. Finalement, il n’en resta plus qu’un, qui finit par partir dans un pays lointain.
… les femmes commandaient aux hommes, allant même jusqu’à les brimer et gagnant chaque jour un peu plus de pouvoir.
(Cosmogonies. Julien d’Huy. La Découverte 2020)


… comme les hommes que je n’avais pas faits miens (…). Puisqu’ils ne m’appartiennent pas, je ne les torturais jamais.
(La passion selon G.H. Clarice Lispector. des femmes 2020)


"Il faut se méfier du devant d'une femme, du derrière d'une mule, et d'un curé de tous côtés." (...) "Trois choses sont insatiables, les prêtres, les femmes, la mer."
La châtelaine de la Loyère en Loutehel (...) s'en allait toujours escortée de deux énormes chiens qu'elle lançait sur les gens qui lui déplaisaient…
Les soldats de la Vendée (...) avaient une sorte de considération superstitieuse pour certains canons. (...) Ils parurent même, en certaines circonstances, regarder quelques [pièces d'artilleries] comme des espèces de fétiches (...) ils la ramenèrent [un canon nommé Marie-Jeanne] sous le drapeau fleurdelisé, en la couvrant de fleurs et en la faisant baiser par les femmes qui passaient.
(Croyances, mythes et légendes des pays de France. Paul Sébillot. Omnibus août 2002)


... pour séduire leurs femelles, les mâles construisent des tonnelles végétales qu'ils décorent d'objets soigneusement sélectionnés par couleurs (...). Les femelles choisissent de préférence les mâles qui élaborent les dispositifs les plus grands, les mieux construits et les plus ornés...
(La caverne originelle. Jean-Loïc le Quellec. La Découverte 2022)


Tamurt, la terre, est une mère qui engloutit ou dévore tout à l'image de la truie ou de la chatte dévorant ses bébés dans l'imagerie populaire...
(Une mythologie berbère. Hassane Benamara. L'Harmattan 2022)


"Pourquoi réserver notre sperme à un unique amour qui nous condamne, à tous les coups, au chagrin et aux soucis?"(Lucrece, De rerum natura)
... Ovide délivre ses conseils aux femmes qui veulent séduire un homme. (...) porter des vêtements qui mettent en valeur la silhouette et dévoilent certaines parties du corps (...) "c'est vers une troupe de brebis que va la louve pour trouver une proie à saisir".
(Débauches antiques. Christian Georges Schwentzel. Vendémiaire 2023)


Peu après apparaissaient sur la place sept ou huit vieilles femmes peintes en noir et en rouge portant en sautoir des colliers de dents humaines. Elles s'avançaient en dansant, chantant et tambourinant sur des vases qu'elles venaient de peindre et où elles s'apprêtaient à recueillir le sang et les entrailles du mort.
A peine le prisonnier s'était-il abattu que les vieilles femmes se précipitaient pour recueillir son sang et sa cervelle dans une calebasse et le boire tout chaud. La femme que l'on avait donnée au prisonnier s'approchait du corps et versait quelques larmes qui n'avaient, du reste, qu'un caractère purement rituel, car, par la suite, elle ne montrait aucun chagrin et était la première à goûter de la chair de son époux. (...) Elles léchaient la graisse qui coulaient sur les bâtons du boucan et exprimaient leur satisfaction en répétant constamment Ygatou, "c'est bon". Certaines femmes allaient jusqu'à s'oindre le visage, la bouche et les mains avec la graisse du mort et à lécher tout le sang qu'elle trouvait. (...) La langue, le cerveau et quelques autres parties du corps étaient réservés aux jeunes gens, la peau du crâne aux adultes et les organes sexuels aux femmes.
En règle générale, les vieilles femmes se montraient plus avides de chair humaine que les hommes.
"... les femmes accourent aussitôt et, horreur, dévorant avec avidité ses membres raidis par la mort et encore tièdes, le déchirent d'une façon qu'on ne peut décrire." (Annuae litteroe)
(La religion des Tupinamba. Alfred Métraux Puf 2014)


La raison d'être d'un "abaton" est de circonscrire, de contenir la puissance d'une entité. (...) Les divinités qui possèdent l'endroit sont en définitive les déesses de l'effroi, filles de la Terre et du brouillard.
"... le bois interdit des jeunes filles invincibles dont nous tremblons de prononcer le nom, et près desquelles nous passons sans regard, sans voix, sans parole, en n'usant que d'un langage, celui du recueillement." (Sophocle)
(Au plaisir des dieux. Adeline Grand Clément. Anacharsis 2023)


... sa beauté attire cinq prétendants, qu'elle repousse en les mettant chacun au défi d'accomplir une tâche impossible.
(L'aube des mythes. Julien d'Huy. La Découverte 2023)


"Au lieu de lui rendre sa femme, qu'il venait chercher, ils ne lui en ont montré que le fantôme: car il manqua de courage, comme un musicien qu'il était. (...) Les dieux, indignés de sa lâcheté, ont permis enfin qu'il pérît par la main des femmes." 
... une multitude de gens dont la présence dans les cités n'aura plus d'autre objet que les besoins superflus (...) les fabricants d'articles de toute sorte et spécialement de toilette féminine.
(Platon)


(...) le rapport étroit de subordination qui régit le statut de gendre semble individualiser sa présence et gommer l'autonomie de la cellule familiale dont il est le pivot. En ce sens la position d'un gendre dans la maisonnée achuar se rapproche beaucoup plus de celle d'un parent satellite non marié que de celle d'un chef de famille ordinaire: il apparaît plutôt comme une sorte d'extension de la famille de sa femme que comme l'axe d'une deuxième famille juxtaposée à celle-ci.
Plus encore qu'un espace d'où sont exclus les hommes, le jardin est un espace d'où sont exclus les autres: domaine féminin, certes, mais domaine exclusif d'une seule femme.
C'est dans le jardin que les femmes accouchent, engendrant périodiquement de nouveaux êtres humains là où, quotidiennement, elles reproduisent des êtres végétaux.
... alors qu'un homme temporairement sans femme ne possède aucune autonomie alimentaire, car il serait impensable qu'il aille lui-même jardiner et préparer sa nourriture, une femme temporairement sans homme peut subsister fort commodément grâce aux récoltes de son jardin et aux petits animaux qu'elle-même et ses enfants ramassent.
(La nature domestique. Philippe Descola. Editions de la Maison des sciences de l'homme 2019)


Ainsi, à partir du moment où un homme se trouve compromis dans un rapport sexuel avec une femme, il est menacé dans son intégrité physique par ce double masculin d’elle-même.
(La moitié du monde. Jacques Galinier. PUF 1997)


Malgré le mouvement d'émancipation de la femme, on constate que, au moins sous ses aspects extérieurs, la beauté occupe toujours la même place chez la femme bandjoun et résiste à toute évolution. Les femmes continuent à jouer de l'attrait que leurs corps suscitent chez les hommes. La libération des moeurs n'a pas changé les rapports de séduction. (...) le capital économique de l'homme s'échange contre la beauté de la femme.
"L'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme." (Bible de Jérusalem, Genèse 3, verset 24)
(Ethnosociologie du corps dans les pratiques et les rituels chez les Bandjoun de l'ouest-Cameroun. Raymond Charlie Tamoufe Simo. Connaissances et savoirs 2017)


Lorsque j'arrive, un homme lave le plancher tandis que trois femmes bien rondes (...) restent tranquillement assises sur les chaises.
(Corps rituels. Agnieszka Kedierska Manzon. Maison des sciences de l'homme 2023)


Fondre en larmes devant son épouse: comble de la honte pour un homme. "Vers qui se tournera-t-elle en cas de malheur?" S'il est incapable de se retenir, il part seul dans la brousse et s'assoit sous un arbre, où personne ne pourra le voir.
(Le souffle du mort. Dominique Sewane. Plon 2020)


... la mort attendait l'esclave qui levait les yeux sur une femme née libre.
(Les Arabes des marais. Wilfred Thesiger. Plon 1983)


... les mois passés loin de sa femme avaient calmé son courroux, il n'était plus "sans corps", hors de lui…
(Chronique des Indiens Guayaki. Pierre Clastres. Plon 1972)


C'est pourtant à partir de 1861 que les lois ancestrales représentées par l'autorité patriarcale et le gouvernement local imposé par la tradition commencent à être minés, par l'Eglise d'abord, puis par l'Etat. (...) Au régime patriarcal succède le régime théocratique, représenté surtout par le prêtre.
Très peu de filles pourtant vont à l'école officielle, car, en général, elles suivent les cours des "mères".
(Les barrières de la solitude. Luis Gonzalez. Plon 1982)


"Elle peut se dire que ça fait partie de ma puissance, avoir peur, me fuir ou tenter de me nuire."
(Vaudou. Philippe Charlier. Plon 2022)


Les anciens (...) me confient combien, dans leur jeunesse, ils redoutaient les aînés et cette surveillance permanente que le groupe, par l'intermédiaire des femmes et des enfants, exerçait sur chacun.
Et c'est étrangement le chœur des femmes, dont les enfants sont les témoins omniprésents - yeux et oreilles perpétuellement en éveil, iglous libres d'accès, accessibles à tous - qui assure en permanence la bonne observation des règles.
Je songe à la crainte que ces hommes si violents ont de leurs femmes. Est-elle due au pouvoir qu'elles pourraient prendre sur eux? Et est-ce bien elles qu'ils fuient sexuellement à travers les fêtes collectives?
(Les derniers rois de Thulé. Jean Malaurie. Plon 1989)


Une nouvelle religion féministe américaine est ainsi née, dont le premier article de foi, comme l'écrit Mona Ozouf, est "qu'il y a un "nous" féminin, collectivement identifiable comme victime. Toute femme est une victime, tout homme est un bourreau."
... ce mot d'Antoinette Fouque disant, à propos de la découverte de la contraception, que les femmes ont transformé un progrès technique en un mouvement de civilisation (...), qu'elles ont "fait muter une révolution "chaotique" en un élan "évolutionnaire" permanent et infini".
(Du héros à la victime: la métamorphose contemporaine du sacré. François Azouvi. Gallimard 2024)


Quand dans la femme il verse sa semence, il fait naître. C'est pour lui la première naissance.
Il devient un avec le corps de la femme, simplement comme un de ses membres. C'est pourquoi il ne la heurte pas.
(Les Upanisad. Alyette Degrâces. Fayard 2014)


... au commencement du monde, juste après que Mair eut créé des hommes et des femmes en les tirant du wirapirang, l'arbre à bois rouge (...), les hommes dormaient étendus dans leurs hamacs. Les hommes étaient alors pareils à des enfants, aucun n'avait de pénis, pas même Mair.
Les Urubu aussi craignent les femmes (...) ils sont jaloux du pouvoir créateur de celles-ci; ils le redoutent autant que leur attrait sexuel, qui peut rendre un homme oublieux des valeurs sacrées. La dureté est à la fois une évocation de la vertu masculine et du pénis en érection: mise au service des femmes, la dureté virile devient mollesse, l'homme perd sa force. Les femmes, intrigantes et curieuses, sont toujours la cause d'une déchéance qui rabaisse l'homme des hauteurs spirituelles au niveau de la vie physique. D'un point de vue masculin, il est donc parfaitement juste que la mythologie soit pleine de mises en garde contre les femmes et tout ce qu'elles représentent.
Il est facile de devenir père, mais plus dur de le rester.
... le héros doit s'endurcir pour affronter le monde: s'il s'y risque et qu'il échoue, il n'aura rien fait d'autre que s'user lui-même jusqu'à la mort. En fait, le héros malheureux est changé en pierre...
... il tombe et on l'achève d'un coup sur la tête. A cet instant, les femmes se précipitent sur lui pour recueillir la cervelle, tremper leurs doigts dans le sang et le lécher tout chaud; elles encouragent les enfants à suivre leur exemple (...). Les mères qui allaitent se barbouillent les mamelons de sang pour que leurs nourrissons aient part à la jubilation générale.
(Aimables sauvages. Francis Huxley. Plon 1980)


Il n'y a pas d'alliance avec les femmes:
elles ont des cœurs de chacal.


Il est à la fois leur père et leur fils,
à la fois leur aîné et le plus jeune.
Le dieu unique est entré dans la conscience;
né en premier, il est encore à l'intérieur de la matrice.
(Hymnes spéculatifs du Veda. Louis Renou. Gallimard 1956)


... quelques dieux ont une épouse; mais pour le rite, il y a la masse indistincte des "épouses des dieux".
... la sœur intervient de façon discrète, mais décisive et indispensable dans les rites qui jalonnent la vie de son frère. Elle noue autour de son frère des liens réels et symboliques qui créent sur sa personne des limites protectrices.
... tous les autres éléments de la cérémonie traduisent une dissymétrie entre ces deux partenaires: c'est la sœur qui, par un geste qu'elle seule peut accomplir, exécute un rite destiné à produire, pour son frère, des effets bénéfiques visibles et invisibles. Ce que le frère donne en échange n'est pas du même ordre: (...) ces biens donnés par le frère n'ont d'autre valeur que leur utilité intrinsèque.
... c'est la fonction sacerdotale de la sœur que de défaire le nœud qui attache son frère à l'épouse qui vient de lui être donnée (...). Le frère retrouve (...) la liberté de mouvement sans laquelle la vie pratique serait impossible, mais à cette nécessité matérielle on obéit de telle sorte que le nouvel époux puisse s'enfermer dans ses propres contours. (...) la sœur met son frère en état d'emplir les obligations rituelles d'un père envers son jeune fils...
... nous trouvons des formules d'hymnes et de prières, des esquisses et des condensés de mythes, des ébauches de métaphores poétiques qui nous permettent de construire l'image d'une sœur qui, par les liens qu'elle leur offre ou leur impose, dessine pour les hommes les limites qui définissent leur personne et, par là même, la rendent continue et cohérente.
"Raka est celle qui coud la couture de l'homme, la couture qui est sur son pénis. Des fils mâles naissent à celui qui sait ainsi."
"C'est la veine qui passe sur le dessus du pénis et va jusqu'à l'anus; la déesse Raka fait que cette veine soit cousue solidement."
Ce que cette divinité sœur fait sur le sexe des hommes mortels nous livre le sens de ce que les sœurs humaines font sur la vie de leurs frères quand elles les entourent de liens: la sœur empêche le frère de s'éparpiller, et notamment d'éparpiller son énergie virile...
"Ce qui est impossible: des scribes qui ne soient pas méchants, un feu froid, un corps exempt de maladie, un médecin qui fait du bien, une femme vertueuse".
(Le jumeau solaire. Charles Malamoud. Seuil 2002)


… « le combat des reines » une pratique rituelle observée encore de nos jours dans le Val d’Aoste en Italie, dans le Valais en Suisse ou en Savoie en France, où la vache qui a fait rompre ses partenaires conduit le troupeau dans l’alpage.
(Les gravures rupestres du Bego. sldd Henry de Lumley. CNRS Editions 2024)


… on évoque les « six jours et sept nuits » d’amour de Enkidu, le double sauvage de Gilgamesh, avec la Courtisane Lajoyeuse (…). Les dieux l’avaient envoyée auprès de Enkidu pour qu’elle le civilise par le sexe. Pour qu’il puisse devenir pleinement homme et contrer l’hybris sexuelle de Gilgamesh, il a fallu également que la nudité de Enkidu soit couverte par un vêtement et que son corps soit enduit d’onguents ; et surtout, il a fallu qu’il mange le pain levé et boive la bière fermentée…
Vivement contrarié, [le dieu Enlil] enlève de la maison de Humbaba ses splendeurs terrifiantes et en fait don respectivement à sept entités ainsi sacralisées : au champ, au fleuve, à la montagne, au lion, au roseau, au palais, à la déesse Nungal.
Alors que Enkidu, l’être-humain sauvage, n’avait pas dormi pendant « six jours et sept nuits », en commençant par la sexualité son parcours de civilisation, Gilgamesh, qui avait hiberné plusieurs fois, échoue à l’« épreuve du sommeil » (…). Le sommeil du héros a souvent des conséquences désastreuses (…). [Ulysse] sera alors contraint par sa femme – dans une sorte de vengeance féminine – à raconter la prophétie de Tirésias, ce qui l’obligera à reprendre le voyage...
Ainsi, le cycle festif du nouvel an est délimité, comme en Iran, par un geste féminin de simulation de l’activité masculine (le fait d’ensemencer) et par la libération symbolique des maux de la saison qui vient de s’écouler.
« Isis, l’efficace, la protectrice de son frère, (…) relevant ce qui était affaissé pour Celui-dont-le-cœur-défaille ; extrayant sa semence, créant un héritier... » (Stèle C286 du Musée du Louvre)
… c’est la vie qui s’affirme, au moyen des pouvoirs féminins. Dans le mythe, c’est grâce aux arts magiques d’Isis qu’Osiris, bien qu’en morceaux et sans membre viril, récupère pleinement sa fonction masculine : comme dans une procréation médicalement assistée, il est le père posthume d’Horus (…). Dans le rite, ce sont généralement les femmes qui arrosent les pousses qu’elles ont semées...
Alciphron (…) compare Adonis aux amants, avec lesquels on boit et on s’amuse à l’occasion des fêtes en l’honneur du dieu : « Tâche de venir avec un jardin et une poupée, amène aussi ton Adonis, celui que tu cajoles en ce moment... ».
(Le matin des dieux. Salvatore D’Onofrio. Editions Mimésis 2018)


… selon la règle de résidence, les maris ne séparent pas les femmes les unes des autres et ainsi, la mère de plusieurs filles règne sur une maisonnée importante et prospère.
La relation entre frères et sœurs est la plus étroite qui soit entre sexe opposé. (…) Une fille plus âgée que son frère devient une de ses « mères ».
(La danse de l’araignée. Alexander Alland. France Loisirs 1984)


« Parmi les sentiments naturels que ces gens conservent fidèlement, il faut distinguer le respect, la soumission, la tendresse qu’ils montrent toujours pour leur mère… La plus grande injure qu’on puisse dire est le trop fameux : « sahr sa ndeï (par les parties génitales de ta mère). » (baron Roger)
Pendant six ou sept années, le pagne des femmes domine l’horizon du jeune lébou (…). L’enfant choyé (…) sera un homme réservé vis-à-vis des jeunes filles, même dans ses invites les plus pressantes.
La mère donne la parenté fondamentale – celle dont on dit que « c’est le lait qui la fait » ; elle inscrit son enfant, d’une manière immédiate, dans un segment social primordial (…). Mais la femme lébou est encore davantage : un chaînon entre les deux groupes claniques alliés par son mariage. Elle apparaît comme l’un des éléments permettant de maintenir la structure sociale…
C’est à partir [de la femme] que se tisse le réseau des relations cordiales et coopératives entre clans, tellement importantes dans le cas d’une société comme celle-ci, où le pouvoir reste diffus. 
Il me fallut du temps (…) pour en savoir un peu plus sur « Nyon Néa ». Mère des initiés, elle les engloutit pour de nouveau les mettre au monde. Elle détruit des enfants, elle accouche d’hommes adultes socialement armés. Mais en public, habile à la danse, elle redevient la femme agréable, humble et douce que chaque homme souhaite tenir sous son ombre.
(Afrique ambiguë. Georges Balandier. Plon 1957)


« Je suis celle qui t’a créé, je suis celle qui t’a envoyé. (…) Le poison est mort grâce aux paroles d’Isis la Grande, la Maîtresse des dieux, qui connaît Râ par son propre nom. »
« … j’entendrais sa voix, furieuse, et je redeviendrais un enfant du fait de la crainte qu’elle inspire. »
(Lettres égyptiennes. Michel Dessoudeix. Actes sud 2025)


Tout autour du globe et dans les peuplements, les villes, les grandes cités du fer et de la pierre, les gens se retirent dans leurs petites coquilles, leurs pièces d’habitation (…), petits aquariums dorés, (…) et nul ne peut étendre son intérêt, d’aucune façon, par-delà cette pièce (…) et c’est peu étonnant qu’ils se tiennent unis si lâchement, et peu étonnant que dans la sèche anxiété de son désespoir, une mère veuille assujettir à ses griffes de rapace, à sa bouche de vampire l’âme vaillante son fils, et le vider de sa substance...
… quelque chose de l’amour qu’on porte dans les classes moyennes au produit qui sait faire sa publicité dans les magazines féminins...
(Louons maintenant les grands hommes. Agee/Evans. Plon 2017)


« Neith la grande, la mère divine, dame du pays d’Esna, des temps primordiaux, celle qui a enfanté ceux qui devaient naître, le père des pères, la mère des mères qui flottait à l’origine, avant les dieux primordiaux, l’uroeus primordial qui a commencé dans l’eau initiale, celle qui a créé ceux qui sont en haut et ceux qui sont en bas, le mâle qui a créé les mâles, la femelle qui a créé les femelles... »
« … c’est le verbe de la déesse, tout autant que ses flèches, éléments tangibles de son intervention sur terre, qui apportent aux humains leurs maux. » (S. Sauneron) (…) « Methyer prononça sept propos pour amener la création à l’existence. Ces émanations verbales s’incarnèrent pour devenir les prototypes des dieux du temps, de l’écriture et de la construction des temples. (…) Or, dans le même temps, certains textes assez importants en nombre vont [les] montrer hors de leur rôle bénéfique. (…) Ils deviennent alors des génies destructeurs agissant en groupe, mais totalement autonomes. » (J.-C. Goyon)
(Le papyrus des sept propos de Mehet Ouret. Yvan Koening. Institut français d’archéologie orientale 2024)


Du côté chrétien, [les] attributs phalliques [de Legba] l’ont fait longtemps considérer comme l’incarnation du Diable…
La mère de Fa fut appelée « celle qui donne une tête aux gens ». Pour avoir une tête il faut s’en remettre aux femmes, commentent les informateurs. Mais la tête, on le sait aussi, en milieu yoruba, fon et ewe, est tout à la fois l’organe du commandement et de la communication et le lieu d’accueil du dieu lors de la possession.
« C’est ainsi que les Noirs représentent l’esprit immonde. Ils n’hésitent pas à lui donner les insignes de la plus dégoûtante impudicité... » On conçoit l’émotion que put susciter chez l’abbé Bouche le spectacle de ce qu’il appelle dans le même ouvrage [La Côte des esclaves et le Dahomey] le « culte du phallus »...
(Corps des dieux. SSLD Malamoud/Vernant. Gallimard 1986)


… ce terme si beau et si impressionnant dans sa traduction grecque par lequel les Crétois désignaient la Grande Déesse : Pôtnia thérôn, la Souveraine des fauves.
… un gosse énorme de seize ou dix-sept ans, fils de vacanciers de Patras, se ronge les ongles avec frénésie en s’empiffrant de pistaches. (…) En face de lui, sa mère, matrone informe gavée, elle, (…) de toutes ces sucreries qui contribuent à fabriquer les beautés plantureuses encore en vogue dans ce pays. (…) Je me dis que si on les prenait tous deux, mère et fils, pour les presser et les coller ensemble, ils reconstitueraient à merveille ces boules androgynes à quatre bras et quatre jambes que Platon imagine à l’origine du monde. (…) C’est le christianisme qui, là encore, en faisant du mariage un sacrement indissoluble, a créé le monstre social de la famille. Monstruosité que l’homme grec ne fit qu’accentuer, en reléguant la femme aux tâches du foyer et en passant lui-même le plus clair de son temps hors de chez lui. (…) tradition qui d’un côté voua mère et fils à vivre ensemble dans un foyer d’où le père est toujours absent (…). Telle fut ce soir-là, après les chants magiques d’Angéliki, la revigorante image œdipienne que m’offrit ce café villageois : une mère abusive et frustrée, un père inexistant et sans doute impuissant et, entre eux, un enfant, éternel refoulé et futur abruti, bref le typique trio de la petite-bourgeoisie grecque.
(L’été grec. Jacques Lacarrière. Plon 1975)