L'Indien n'avait pas de maître au-dessus de lui et travaillait à sa guise.
(Souvenirs d'un chef sioux. Ours debout. Payot 1931)
Mais ils ne veulent pas descendre. Ils veulent rester tout nus !
(L'expédition Orénoque Amazone. Alain Gheerbrant. Gallimard 1952)
Si même au cours d'un millénaire un homme sur des millions avait la possibilité d'agir librement, c'est-à-dire à sa guise, il est évident qu'un seul acte libre de cet homme, contraire aux lois, anéantirait la possibilité d'existence de quelque loi que ce soit pour toute l'humanité.
(La guerre et la paix II. Tolstoï. Folio 1972)
... une liberté que dans leur bêtise et leur perversité innées ils ne peuvent même pas comprendre, dont ils ont une peur affreuse - car pour l'homme et pour la société humaine il n'y a jamais rien eu de plus insupportable que la liberté!
(Dostoïevski. Le grand inquisiteur)
Chacun avait le droit d'honorer ses « dieux ancestraux », selon les « rituels ancestraux », la religion étant conçue comme l'élément fondamental de l'identité ethnique en même temps qu'on lui reconnaissait la fonction essentielle de créer du lien social. Les croyances personnelles n'étaient pas en cause (elles relevaient du for intime), si bien que la liberté religieuse ne fut jamais revendiquée jusqu'à une date tardive comme un droit personnel, mais comme une liberté collective, celle d'un peuple ou d'une communauté d'immigrés (…).
(Comment notre monde est devenu chrétien. Marie-Françoise Baslez. CLD 2008)
Comme s'en plaignait un négociant en 1824, les Indiens du Plateau étaient encore « très indépendants de nous, n'ayant pas grand besoin de nos marchandises. »
(Ne vends jamais les os de ton père. Brian Schofield. Albin Michel 2013)
Il est de nombreux traits de la société occidentale moderne que mes amis néo-guinéens considèrent bizarres, mais rien ne les étonnait plus que d'apprendre que les petits Américains avaient besoin de lieux, d'horaires et d'une instruction spécifiques pour apprendre à se fréquenter et à jouer ensemble.
(Le Monde jusqu'à hier. Jared Diamond. Gallimard 2013)
« Je suis né dans la prairie, là où le vent soufflait librement et où rien n'arrêtait la lumière du soleil. Là où je suis né, il n'y avait pas de clôture et tout respirait librement. C'est là que je veux mourir, pas entre quatre murs. Je connais le moindre ruisseau, le moindre bosquet entre le rio Grande et l'Arkansas. (…) Les Texans se sont emparés des terres où l'herbe est la plus dense et le bois le meilleur. (…) Mais il est trop tard. Les Blancs possèdent le pays que nous aimions, et tout ce que nous désirons, c'est parcourir la prairie jusqu'à notre mort. » (Ten Bears)
(L'empire de la lune d'été. SC Gwynne. Albin Michel 2012)
Les oiseaux, les seuls êtres libres en ce monde habité par des prisonniers, volent sans combustible, d'un pôle à l'autre, suivent la route qu'ils ont choisie et l'horaire qu'ils veulent, sans demander la permission aux gouvernements qui se croient maîtres du ciel.
(Le chasseur d'histoires. Eduardo Galeano. Lux 2017)
Rêver pourrait donc bien être une sorte de pensée ensauvagée – une forme humaine de pensée qui va bien au-delà de l'humain. Rêver est une sorte de « pensée sauvage » : une forme de pensée libérée des entraves de ses propres intentions …
(Comment pensent les forêts. Eduardo Kohn. Zones sensibles 2017)
Tel un animal qui fuit instinctivement le danger, il évitait les hommes, qui ne le menaçaient peut-être en rien, et allait toujours plus loin, défendant son droit à la liberté.
(Volia Volnaïa. Victor Remizov. Belfond 2017)
Vivre de manière précaire est toujours une aventure.
(Le champignon de la fin du monde. Anna Lowenhaupt Tsing. La Découverte 2017)
Je compris alors que j'étais un enfant perdu, à la recherche des dieux. (...) Je me rappelai mon sentiment de liberté, dix ans plus tôt, dans cette forêt. (...) A l'époque, les dieux du monde où j'évoluais résidaient dans les arbres, les feuilles, les fruits, la terre. En cet instant, ils habitaient le son.
(Une forêt de laine et d'acier. Natsu Miyashita. Stock 2018)
Si le christianisme est, comme le pense Schleiermacher, la religion de l'Esprit et de la liberté, (...) n'est-il pas insensiblement conduit à se dissoudre lui-même, à perdre son Sens, sa nature sacrée? Ne peut-on simplement voir que le christianisme, en se voulant la religion accomplie, la "religion des religions", devient, ce faisant, la religion sans culte, sans mémoire et finalement sans Dieu? (...) le sens du sacré est le trait dominant de la nature humaine, tant qu'elle se définit comme liberté spirituelle attachée à découvrir et sans cesse redécouvrir et admirer la grandeur de l'infinité à travers toute finitude.
(Le symbolique, le Sacré et l’Homme. Henri de Lumley. CNRS Editions 2019)
Nous aussi avons été sauvages et libres, ignorant la folie destructrice de l'argent, sans villes ni usines. Nous aussi avons été envahis et soumis, perdant jusqu'à notre langue…
(Ce qui est arrivé à Wounded Knee. Laurent Olivier. Flammarion 2021)
« De personne, nous ne supportons d'être les esclaves, ni ne désirons être les maîtres. (...) nous, nous cherchons les déserts, l'absence de civilisation, plutôt que les villes et les campagnes opulentes. (...) » Ainsi parla le Barbare [à Alexandre]. (Quinte Curce)
(Utopia. Jean-Louis Poirier. Les belles lettres septembre 2022)
L'espèce d'anarchie politique dans laquelle vivent les Achuar porte amplement témoignage de ce qu'une économie agricole efficiente n'a aucunement besoin de la chefferie ou d'une aliénation du libre-arbitre de chacun pour fonctionner adéquatement.
(La nature domestique. Philippe Descola. Editions de la Maison des sciences de l'homme 2019)
Un homme beau, une femme belle se meut sans entrave, marche loin sans fatigue, danse, réagit d'une détente à une attaque.
... à sa façon de parler des forces de la brousse en ce qu'elles impliquent de destructeur et d'exaltant, on comprend que pour un Otammari, liberté et vie en brousse ne font qu'un. L'enfant-opon qui court seul, sans crainte, dans une nature sauvage, connaît l'ivresse de la liberté à l'état pur.
"Désobéir, c'est avoir la force de dire non, le courage d'être seul, écrit E. Fromm. La liberté, ajoute-t-il, est l'un des intérêts vitaux de l'homme: son absence en fait un infirme."
Pour Timinti, "les arbres étaient comme mes amis". Il se sentait chez lui parmi eux, trouvant à leur contact la nourriture à laquelle il aspirait: la force des "yéténkpanra" insufflée au tronc, les feuilles imprégnées de leur énergie souterraine. Supportant aussi peu la sollicitude de sa famille que les règles qu'elle tentait de lui imposer, il devenait un "dibo" "qui vit seul, n'a besoin de personne".
(Le souffle du mort. Dominique Sewane. Plon 2020)
"Le poisson qui a échappé à la nasse n'y retourne plus jamais".
(Vaudou. Philippe Charlier. Plon 2022)
Un chef n'est point pour eux un homme qui domine les autres, un homme qui donne des ordres et à qui l'on obéit; aucun Indien n'accepterait cela, et la plupart des tribus sud-américaines ont préféré choisir la mort et la disparition plutôt que de supporter l'oppression des Blancs.
« Un jour les Guayaki apparurent complètement nus à la danse rituelle; Pa'i Rete Kwaray, furieux, les apostropha, jetant sur eux sa malédiction, et les dispersa à travers la forêt. C'est pour cette raison qu'ils ont vécu errants et sauvages jusqu'à présent. »
Pas de goût pour la censure, aucun blâme sur le corps, nul effort pour dissimuler le prix attaché au plaisir: tels consentent à vivre les adultes sous le regard des enfants. On ne cherche pas à les tromper, ils ne s'y trompent pas (...)
Cérémonie générale où l'on célèbre à la fois la société comme tout rassemblé, et la nature comme lieu de l'ordre, le Tö kybairu répond, autour du miel nouveau que l'on consomme ensemble, dans les divertissements où l'on pèse l'amitié, et dans les joutes amoureuses où presque tout vous est permis, à l'attente secrète de chacun, à l'appel sacré de la joie de vivre: il est la Fête.
(Chronique des Indiens Guayaki. Pierre Clastres. Plon 1972)
Le faisan de la lande becquète tous les dix pas ; il boit tous les cent pas ; il ne veut pas sa nourriture au prix de sa mise en cage. Ainsi il n’envie point le bonheur d’un roi.
… si celui dont l’âme est obstruée et le corps ligoté peut être considéré comme heureux, on peut en dire autant pour les criminels dont les bras et les doigts sont entrecroisés et pour le tigre ou la panthère que l’on a enfermés dans un sac avant de les mettre en cage.
« Il est impossible de parler de la mer à une grenouille qui habite dans un puits, elle vit dans un espace trop limité. »
« Je vis ainsi libre et à l’air entre ciel et terre ; je suis satisfait et content. Pourquoi m’embarrasserais-je du monde ? (...) » (…) Refusant l’offre de Chouen, il partit et se retira dans les profondeurs des montagnes. Personne ne sait où il se fixa.
(Oeuvre complète. Tchouang-tseu. Gallimard 1969)
Liber désignait à l’époque [romaine] aussi bien la qualité d’être libre que l’écorce interne des arbres, celle qui sert à transporter la sève riche en nutriments et qui est comestible.
(Arbres sacrés du monde. Aurélie Valtat. Editions Eyrolles 2025)



Une culture assassinée ne ressuscite jamais. Ceux qui survivent le font au prix de grandes souffrances et d’un renoncement forcé à leur système de valeurs. (…) La liberté (…) disparaît lorsque le pouvoir et la prospérité sont exclusivement détenus par la civilisation dominante et que les sociétés non occidentales apparaissent comme taillables et corvéables à merci. Leur exploitation touristique n’est qu’un des multiples scandales de notre époque.
(La danse de l’araignée. Alexander Alland. France Loisirs 1984)


… hommes sortis depuis peu de leur nomadisme forestier, et dont la liberté a été sacrifiée aux dieux des marchés.
Par moments, je voyais s’écrouler sur le sol l’un des processionnaires, sa bougie projetée au hasard comme une étincelle ; il se débattait dans la poussière de la rue, envahi par cette frénésie sacrée qui assure une liberté d’expression plusieurs fois millénaire.
(Afrique ambiguë. Georges Balandier. Plon 1957)


« Le progrès fait des routes droites, mais à l’abri du progrès les routes sinueuses sont celles du Génie. » (William Blake)
(Louons maintenant les grands hommes. Agee/Evans. Plon 2017)
Nés sous le règne de Dionysos, nous sommes les retombées de l’attentat à ses jours, nous sommes donc des animaux naturellement portés à la vie titanique ; mais, en même temps, survit en nous, et dans notre corps même, le souvenir de sa chair. Voilà pourquoi, selon le Platon d’Olympiadore, les hommes ne sont pas autorisés à s’évader de la garderie à laquelle ils sont arrimés.
(Corps des dieux. SSLD Malamoud/Vernant. Gallimard 1986)


J’ai rarement ressenti comme en ces années-là l’ivresse de la totale liberté, le sentiment d’être un errant heureux sans autre attache que le village ou le visage qui m’accepterait pour un soir. (…) je laissais mon corps, tous mes sens, se modeler, se transformer au rythme et au poids des chemins comme si chaque jour des milliers de cellules mouraient en moi pour que d’autres renaissent.
Ces pour ces instants-là que je marche en Grèce depuis tant d’années : pour me perdre ainsi dans un paysage inconnu, au cœur de la chaleur, élire tel bosquet de pins pour une halte indéfinie ou m’étendre au soleil quand il y a un peu de vent pour sécher la sueur.
« Être captif, là n’est pas la question.
Il suffit de ne pas se rendre. Voilà. » (Nazim Hikmet)
(L’été grec. Jacques Lacarrière. Plon 1975)