Les dieux du haut et du bas étaient des fragments du corps divisé de la déesse, et leur union était une violation de la séparation originelle.
(…) de l'union des dieux du ciel et de l'inframonde naquit le cours du temps.
… la musique qui est l'instauratrice du temps dans le monde, marque dès le début de son alternance le moment où, après la mort des dieux créateurs, les forces célestes et terrestres donnent naissance à l'écoulement du temps.
(Les paradis de brume. Alfredo Lopez-Austin. Maisonneuve et Larose 1997)


… l'homme est libre de se déplacer en permanence sur une trame spatiale statique, alors qu'il ne peut échapper au mouvement perpétuel de l'univers dans des cycles temporels sans fin.
(Le premier empire des steppes en Mongolie. Pierre Henri Giscard. Faton 2013)


… le mythe fait intervenir, dans le champ de la création, un faucon fantastique aux ailes de minéraux précieux prenant possession des étangs primordiaux et y établissant son domaine. Cette vision reproduit un instant privilégié qui, depuis l'aube des temps primordiaux, s'est gravé dans la mémoire des hommes, rappelant que l'animal est un maître de l'espace qu'il est capable de parcourir en un clin d'oeil…
(« Dieu » et « dieux » : paradigme naturaliste et septicisme ? Le « faucon » des dieux et le « cobra » des déesses. Sydney H Aufrère. Deus Unicus. Brepols 2014)


Les alouettes volent toujours haut, dit-on en Franche-Comté, parce qu’elles vont boire au-dessus du temps (ciel)…
(Croyances, mythes et légendes des pays de France. Paul Sébillot. Omnibus août 2002)


Les vivants, en un sens, (…) sont ceux qui ne se sont pas faits remarquer. Ce sont eux qui continuent à potentiellement perdurer dans la forme et hors du temps, grâce aux relations qu'ils entretiennent avec ce qu'ils ne sont pas.
(Comment pensent les forêts. Eduardo Kohn. Zones sensibles 2017)


... la perception du temps n'est que l'expérience subjective d'une réalité statique à quatre dimensions, l'espace-temps, que Thibault Damour compare à une partition musicale qui serait créée instantanément dans le cerveau génial d'un compositeur et qui est déjà écrite au moment où nous l'écoutons.
Il n'existe d'ailleurs pas de théories physiques opératoires au sein desquelles le devenir (la flèche du temps) soit d'emblée intégré (...). Dès lors, la façon dont on peut rendre compte du devenir en physique ne peut être qu'une affaire de lecture - ou d'exégèse - de théories qui ne l'incluent pas dans leurs principes.
... l'idée du déniaisement nécessaire qui permet à l'esprit de contempler la Vérité nue. (...) un Paradis d'où le Temps est exclu…
(Temps de la nature, nature du temps. SLDD Bouton-Huneman. CNRS Editions 2018)


... des preuves de l'irréalité du temps lui-même, de la coexistence et de l'interpénétration des âges, des époques, des corps, dans l'hallucination unanime de l'esprit et du monde.
(Solénoïde. Mircea Cartarescu. Noir sur Blanc 2019)


Danser comme si le temps ne comptait que pour en garder la mesure, danser comme si le temps lui-même était discontinu, disparaissait, fuyait, ou en plongeant dans le néant sous nos pieds, sauter, rentrer les épaules comme pour esquiver l’air dans lequel on est suspendu, nos plumes se changeant en palpitations de l’écho des siècles passés, tout notre être prenant la forme d’une envolée.
(Ici n’est plus ici. Tommy Orange. Albin Michel 2019)


C'est sous l'influence des mythes que l'homme vit, meurt, et, bien souvent, tue. Le mythe opère en faisant remonter au temps présent un passé sacré qui se trouve paradoxalement "hors du temps".
Il ne donne rien à son fils Oengus (le Mac Oc ou "le fils jeune"), qui est pourtant à la recherche d'un logis, lui accordant seulement un jour et une nuit dans le "brug". Or Oengus en prend possession, déclarant que "le monde entier est jour et nuit, et c'est ce qui m'a été accordé".
... Oengus obtient le "brug" grâce au pouvoir des mots, c'est-à-dire une agilité ou magie verbale impliquant la manipulation du temps.
(L'archéologie et la mythologie celtique. John Waddell. Sidestone 2022)


Lors de la séparation primordiale, la lune et les étoiles choisirent la nuit, en revanche le soleil opta pour le jour et c'est pour cette raison que tout projet d'union entre eux est vouée à l'échec. L'éclipse à Figuig est considérée comme intrusion d'un astre dans le soleil ou dans la lune. L'homme doit protester en créant un vacarme pour éloigner les astres et les empêcher de se réunir et de retourner à l'obscurité originelle et au temps zéro.
(Une mythologie berbère. Hassane Benamara. L'Harmattan 2022)


Grâce à sa "vision claire", Kuyié voit loin dans le passé. En recourant à une mémoire que ne peut entamer l'érosion du temps, il est capable de parcourir instantanément les chaînes de réincarnations successives d'un même souffle. Il gère les archives de l'humanité. Kuyié (...) représenterait la claire vision du monde, le savoir des justes proportions de l'univers et des lois qui le régissent, la volonté implacable de faire respecter ces lois par les humains.
(Le souffle du mort. Dominique Sewane. Plon 2020)


... le cycle du solstice d'hiver fournit un cadre qui se prête à visualiser le "grand temps", un infini présent, à opérer la combustion du passé chargé des erreurs de l'individu comme du groupe, à localiser la puissance du sacré dont l'irruption va permettre d'assumer le quotidien à venir tout en aspirant à une autre dimension vitale. Les propriétés de la "crise du solstice" - l'évidence des contraires, des dualités hiver-printemps, jour-nuit, abondance-terre nue, mort-vivant - apparaissent ainsi liées à l'idée de régénération perpétuelle.
(Solstice païen. Loude, Lièvre, Nègre. Editions Findakly 2007)


Au sommet de la hiérarchie divine et à l'origine des choses, la théologie mithriaque, héritière de celle des mages zervanistes (...), plaçait le Temps infini (Zervan akarana) (...) il était regardé comme ineffable, comme sans nom aussi bien que sans sexe et sans passions.
Parfois, on l'identifiait à la fatalité du Sort; d'autres fois, on voyait en lui une lumière ou un feu primitif, et l'une et l'autre conception permettaient de le rapprocher de la Cause suprême des stoïciens, chaleur partout répandue et qui a tout formé, et qui, considérée sous un autre aspect, était la Destinée. (...) Le premier principe (...) procréait un couple primordial, le Ciel et la Terre, et celle-ci, fécondée par son frère, enfantait le vaste Océan…
Le Kronos léontocéphale, devenu une incarnation du Temps, a été substitué aux lions qu'adoraient les précurseurs des mithriastes, et de même, les masques de toile et de carton dont les mystes romains se couvraient le visage, sont des succédanés des peaux de bêtes que leurs devanciers barbares revêtaient à l'origine, soit parce qu'ils croyaient entrer ainsi en communion avec les idoles monstrueuses qu'ils servaient, soit que, s'enveloppant dans les dépouilles de victimes écorchées, ils attribuassent une vertu purificatrice à cette tunique sanglante.
(Les Mystères de Mithra. Franz Cumont. WW 2023)


L'aire sacrificielle est hors du temps et de l'espace ou, plutôt, elle est - d'indicible façon - le Ciel des Dieux et l'éternité.
(Mythes et légendes extrait des Brâhmanas. Jean Varenne. Gallimard 1967)