Une consultation analogue est usitée en Savoie, où la fleur de pissenlit est appelée Inà (lune): lorsque les enfants s'amusant à la campagne craignent que leurs parents n'aient besoin d'eux pour quelque petit service, ils soufflent très fort sur cette lune; si tous les pétales s'envolent, leurs parents les réclament et il faut partir au plus tôt; sinon, et quand bien même il ne resterait qu'un seul pétale, ils continueront leurs jeux sans inquiétude.
(Croyances, mythes et légendes des pays de France. Paul Sébillot. Omnibus août 2002)
Lors de la séparation primordiale, la lune et les étoiles choisirent la nuit, en revanche le soleil opta pour le jour et c'est pour cette raison que tout projet d'union entre eux est vouée à l'échec. L'éclipse à Figuig est considérée comme intrusion d'un astre dans le soleil ou dans la lune. L'homme doit protester en créant un vacarme pour éloigner les astres et les empêcher de se réunir et de retourner à l'obscurité originelle et au temps zéro.
(Une mythologie berbère. Hassane Benamara. L'Harmattan 2022)
Ce monstre appelé yagua rogu attaque la lune, sa bienfaitrice, et, s'il ne réussit pas dans son entreprise, c'est grâce au tintamarre que font les hommes qui l'effrayent.
(La religion des Tupinamba. Alfred Métraux Puf 2014)
La terre est corps de la parole et ce feu ici, sa forme de lumière. (...)
Le ciel est corps de ce mental et le soleil là-haut, sa forme de lumière. (...) Les deux formant couple se sont unis et de cela est né le souffle. (...)
Les eaux sont corps de ce souffle et la lune là-haut, sa forme de lumière.
(Les Upanisad. Alyette Degrâces. Fayard 2014)
Furieux de l'impudence de son épouse, Lune décida alors de monter au ciel le long de la liane qui reliait autrefois la terre à la voûte céleste. Auju se hâta de le suivre par la même voie; mais alors que Lune était proche d'atteindre le ciel il demanda à l'écureuil "wichink" de couper la liane au-dessous de lui, provoquant ainsi la chute d'Auju.
(La nature domestique. Philippe Descola. Editions de la Maison des sciences de l'homme 2019)
Est-il absurde de décocher des flèches sur la nouvelle lune, lorsqu'elle glisse par-dessus les arbres? Pas pour les Aché: ils la savent vivante, son apparition dans le ciel fait jaillir chez les kuja le sang menstruel, source possible de malchance pour les chasseurs. Ils se vengent, le monde n'est pas inerte, il faut se défendre.
(Chronique des Indiens Guayaki. Pierre Clastres. Plon 1972)
A mesure que l'âme traversait ces diverses zones, elle se dépouillait, comme de vêtements, des passions et des facultés qu'elle avait reçues en s'abaissant vers la terre: elle abandonnait à la Lune son énergie vitale et nourricière, à Mercure ses penchants cupides, à Vénus ses désirs érotiques, au Soleil ses capacités intellectuelles, à Mars son ardeur guerrière, à Jupiter ses aspirations ambitieuses, à Saturne ses inclinations paresseuses.
(Les Mystères de Mithra. Franz Cumont. WW 2023)
Alors Indra le partagea en deux et, de cette partie de Vrtra qui relevait de soma, il fit la lune.
Quant à ce qu'il y avait de démoniaque en Vrtra, Indra le fit entrer dans le ventre des êtres vivants ici-bas.
(Mythes et légendes extrait des Brâhmanas. Jean Varenne. Gallimard 1967)
… l’or, poétiquement comparé à la sueur du Soleil, était l’apanage des élites royales, tandis que l’argent, « les larmes de la Lune », était assimilé aux femmes de haut rang.
Les aclla formaient une classe spécifique au sein de laquelle étaient recrutées les prêtresses de Mama Quilla, la Lune, ainsi que du Soleil, mais aussi les victimes des sacrifices humains lors de certaines occasions importantes.
(Les Incas. Peter Eeckhout. Taillandier 2024)
En étudiant [les principaux dieux anthropomorphes groupés] en collège, l’on a discerné, depuis longtemps, qu’[ils] correspondaient aux générations successives de souverains mythiques et que le collège, lui-même, offrait l’image idéale d’une dynastie où la succession s’opère d’héritier en héritier. L’humain renvoie bien, ici, à la fonction royale et au culte ancestral. C’est, sans doute, parce que la lune a, avec cette fonction, des attaches plus étroites qu’il n’y paraît que certains dieux-lune prennent facilement l’aspect humain…
(Corps des dieux. SSLD Malamoud/Vernant. Gallimard 1986)
… à l’époque ancienne les divinités se montraient pour le moins peu soucieuses ou irritées d’une présumée impureté attachée aux règles (…). L’étang du sang désigne un endroit dans les enfers où sont punies les avorteuses, mais où tombent aussi les femmes mortes en couches. C’est donc un endroit impur que nuit après nuit, la lune [= métaphore homophonique pour le sang menstruel de la femme] rejoint, sans jamais y perdre de sa pureté.
(La sieste sous l’aile du cormoran. H.O. Rotermund. L’harmattan 1998)