L'histoire de notre plus grand mystère, la légende de la pipe de paix, nous rappelle que lorsque la Femme Bison blanc nous a fait don de la pipe sacrée, elle nous a aussi offert une pierre, rouge et ronde comme la terre, composée du sang vivant de notre peuple.
(De mémoire indienne. Lame Deer et Jean-Jacques Roudière. 2009)
« Rien n'est étrange comme un paysage canaque vrai – j'entends vu sous l'angle canaque – où chaque pierre a un nom, une histoire, une vie, on pourrait même dire une personnalité, à cause de l'esprit enfermé en elles. Souvent, dans les vallées, je me suis fait nommer chaque détail du terrain, chaque arbre remarquable ; le paysage se transposait en un plan impossible à transcrire sur une carte et où chaque nom était une tête de chapitre. » (M Leenhardt)
(L'expérience mystique et les symboles chez les primitifs. Lucien Lévy-Bruhl. Dunod 2014)


… quand on érigeait une balise, les vieux pêcheurs se tiraient un peu de sang et en arrosaient le trou où elle avait été plantée. C’était une offrande au rocher et à la mer, afin que le signal ne fût pas renversé par les flots.
Lorsque les fées de la grotte de la Chanouette (…) avaient dansé au clair de lune, et qu’elles avaient envie de se rafraîchir, elles cognaient sur la pierre sonnante en criant : « Au bon lait ! à la bonne galette ! » et aussitôt, à son extrémité elles trouvaient les mets qu’elles avaient demandés. (…) La formule était plus complète : « Au bon lait ! à la bonne galette ! mon cul brûle ! » (…) elle reproduit exactement le cri dont se servaient, il y a soixante ans, les femmes qui vendaient de la galette dans les rues de Saint Malo et dans celles de Dinan. Je tiens d’une dame aujourd'hui octogénaire, et qui appartient à une des plus vieilles familles de Saint Malo, que dans son enfance, lorsqu’il s’agissait de pénitence de jeux, garçons ou filles devaient aller, en frappant sur une porte du salon, répéter cette formule naturaliste.
(Croyances, mythes et légendes des pays de France. Paul Sébillot. Omnibus août 2002)


... des rites prophétiques étaient autrefois pratiqués dans la grotte. Il s'agit d'une pratique bien connue dans le monde gréco-romain, où les cavernes étaient le lieu des états altérés de la conscience.
(L'archéologie et la mythologie celtique. John Waddell. Sidestone 2022)


On voit désormais des photos de Pir-e Sabz aux murs des maisons ou des appartements de la plupart des zoroastriens iraniens, pour qui ce lieu et l'évènement qui lui est associé sont pour ainsi dire devenus un élément constitutif de leur identité.
(Zarathoustra et sa religion. Michael Stausberg. Les belles lettres 2022)


... les gouffres sentent mauvais: ces odeurs méphitiques peuvent signaler une voie d'accès privilégiée avec un autre monde. Les Grecs cherchaient parfois à recréer ces espaces caverneux de façon artificielle dans leurs sanctuaires…
La raison d'être d'un "abaton" est de circonscrire, de contenir la puissance d'une entité. (...) Les divinités qui possèdent l'endroit sont en définitive les déesses de l'effroi, filles de la Terre et du brouillard.
"... le bois interdit des jeunes filles invincibles dont nous tremblons de prononcer le nom, et près desquelles nous passons sans regard, sans voix, sans parole, en n'usant que d'un langage, celui du recueillement." (Sophocle)
L'histoire d'Oedipe contée par Sophocle révèle aussi que, dans un monde où il faut cohabiter avec les dieux, repérer les traces de leur présence invisible sur un rocher, à l'orée d'un bois, au fond d'une grotte, impose le développement d'une sensibilité accrue à l'environnement naturel.
... si l'antre de Phigalie sert d'abri à Déméter la Noire, les gracieuses nymphes sont honorées dans une grotte obscure à Pirsa, tandis que les jeunes filles Invincibles, terribles déesses dont on hésite à prononcer le nom, occupent un bois charmant peuplé de rossignols à Colone.
(Au plaisir des dieux. Adeline Grand Clément. Anacharsis 2023)


... Mithra naissant d'un rocher et on l'appelait "le dieu sorti de la pierre". La tradition rapporte que cette "Pierre génératrice" dont on adorait dans les temples une image, lui avait donné le jour sur les bords d'un fleuve, à l'ombre d'un arbre sacré (...).
(Les Mystères de Mithra. Franz Cumont. WW 2023)


Chaque jour à midi [le serpent prophète] sortit en rampant pour les aider [à abattre le Mal], chantant les louanges des Pierres du pressoir [du soma]...
(Mythes et légendes extrait des Brâhmanas. Jean Varenne. Gallimard 1967)


« C’est lui (le Seigneur ton Dieu) qui, pour toi, a fait jaillir l’eau de la roche la plus dure » (Deutéronome, 8, 2-3. 146-16a.)
(Les gravures rupestres du Bego. sldd Henry de Lumley. CNRS Editions 2024)


… les ophidiens sont géométrisés, réduits à leurs caractéristiques essentielles, jouant sans doute sur la métaphore visuelle avec l’éclair, comme pour matérialiser peut-être les correspondances que les Incas y voyaient, et aussi avec l’eau et les méandres des rivières, qu’on voit systématiquement creusés en surface des grands affleurements rocheux…
… motifs taillés en félins, zigzags, formes géométrisantes et semblant de personnages qui émergent du rocher (…) on trouve des rochers sculptés à l’image de terrasses, comme des champs cultivés, auxquels on confère une fonction symbolique de marqueur territorial, et religieuse, en tant qu’instruments pour des rituels propitiatoires de fertilité et d’abondance agricole.
… du dieu Viracocha qui aurait émergé depuis le rocher sacré sur l’île du Soleil.
(Les Incas. Peter Eeckhout. Taillandier 2024)


« L’identification de la pierre-génie et de l’officiant (…) n’est pas un transfert, mais une bi-présence. La pierre ne cesse pas d’être le dieu, mais celui-ci, simultanément, et pour un temps, est aussi l’officiant. Il n’y a pas contradiction, car c’est son être informe et permanent que conserve le dieu-pierre dans la pierre, tandis que c’est une personne d’un autre ordre, projetée sur un autre plan, corporel et temporaire, que lui offre (l’officiant)... » (Paul Mus).
A Orchomène, en Béotie, trois pierres tombées du ciel – des aérolithes – représentaient les Grâces. Non loin de là c’était une pierre brute qui figurait Héraclès. Et, à Thespies, Eros était honoré sous une forme analogue. En Achaïe, trente pierres quadrangulaires représentaient trente divinités.
Les pierres, en particulier celles de forme phallique, sont habitées de force, elles possèdent une efficacité miraculeuse dont tire profit la tradition populaire dans les demandes de grossesse, d’un accouchement facile, etc. Dans ce contexte, mentionnons encore les ishigami placés au bord de la route ou aux carrefours qui prennent d’habitude la forme d’un couple s’enlaçant ou s’accouplant (…), voilà l’expression d’un rapprochement entre la sexualité humaine et la fertilité des champs.
(Corps des dieux. SSLD Malamoud/Vernant. Gallimard 1986)