J'avais lu un traité conclu entre le Gouvernement et les Sioux, en 1868 (…) et j'appris qu'il n'avait aucun droit de bâtir des forts sur le territoire des réserves. Mais aussitôt qu'un représentant des Blancs arrivait dans une agence, la construction d'un fort était la première chose jugée nécessaire.
(Souvenirs d'un chef sioux. Ours debout. Payot 1931)


Il y a bien des hivers, nos ancêtres ont prédit qu'un monstre aux yeux blancs consumerait notre pays. Ce monstre est la race blanche et la prophétie va se réaliser.
… les Espagnols, en dépit de leur cruauté et de leur avidité, n'extirpèrent pas la population indigène aussi complètement que le firent les Anglo-Saxons. (…) Quelques années après leur débarquement, la Nouvelle-Angleterre était presque complètement débarrassée des Indiens, pourtant inoffensifs. Les descendants des Anglais du sud qui s'établirent au sud-est des Etats-Unis, au milieu d'une population dont ils auraient beaucoup eu à apprendre, se montrèrent presque aussi impitoyables que les puritains. La cruauté systématique avec laquelle ils exterminèrent les Krik, reste une des hontes de l'histoire et constitue un record qui dépasse les exploits de la plupart des conquistadors espagnols. Les Espagnols et les Français asservirent les indigènes, mais ne les brisèrent pas moralement, ainsi que le firent les Anglo-Saxons. Pour ces derniers, la guerre contre les Indiens fut essentiellement une chasse à l'homme.
(La civilisation indienne. P Radin. Payot 1953)


… à Versailles, comme dans le palais de l'ensorceleuse, on chante, on danse et l'on se divertit, à condition d'avoir sacrifié sa liberté.
(Le jardinier de Versailles. Alain Baraton. Le livre de poche 2006)


… au village tout le monde s'est habitué aux caméras de vidéosurveillance qui trônent à chaque coin de rue (…). La vie sociale y est entièrement organisée par le pouvoir, tout en donnant à chacun l'illusion de la liberté : la grande affaire y est la distraction, le loisir, les fêtes, amusez-vous et ne vous occupez de rien ! (…) une société carcérale qui ne dit pas son nom, dissimule ses chaînes, se donne les apparences d'une riante démocratie …
(Je ne suis pas un numéro ! Jean-Luc Porquet. Le Canard enchaîné 21 janvier 2009)


… ces queues interminables aux guichets. Ces démarches de plus en plus hasardeuses, que ce soit pour un renseignement ou une réparation, avec barrages à franchir avant de débusquer un interlocuteur caché derrière sa « boîte vocale ». Cette absence de responsables, c'est toujours la faute à l'autre ou à l'informatique. (…)
… le décalage grandissant entre les mots et la réalité. Entre le bla-bla déversé dans les grands médias par les nouveaux apparatchiks et nos vies. (…)
Cette volonté affichée de généraliser le flicage, fichiers, vidéosurveillance, etc. (…)
Bref, un système d'une incroyable morgue, inefficace, autoritaire, qui s'imagine indéboulonnable.
(Bienvenue en Union Soviétique ! Jean-Luc Porquet. Le Canard enchaîné 18 février 2009)


… Constantin établit le principe d'une collaboration entre les pouvoirs publics et l'autorité épiscopale, en installant les évêques dans la fonction de notables chargés de réguler le peuple…
La conversion de Constantin et ses choix ont donc incontestablement accéléré la christianisation de l'Empire, de même que la politique de son fils Constantin II commença à faire évoluer le christianisme en religion d'Empire, en promulguant une interdiction générale des autres cultes entre 353 et 356. Ainsi s'effaça peu à peu, au cours du IVème siècle, le pluralisme traditionnel de l'Empire gréco-romain, avec le développement institutionnel de l’Église, la christianisation plus systématique de la société et, progressivement, la fermeture des temples et des écoles philosophiques.
… Constantin joua certainement le rôle d'accélérateur de l'histoire, séduit par une religion nouvelle, qui véhiculait les mêmes valeurs d'universalisme que l'empire romain, et par un modèle charismatique, sur lequel cet usurpateur pouvait espérer refonder une nouvelle légitimité et l'autorité impériale.
(Comment notre monde est devenu chrétien. Marie-Françoise Baslez. CLD 2008)


Nous avons remplacé notre fière révolution, votre insupportable révolution par la pratique d'une modeste violence domestique.
… comme si les sociétés (…) n'avaient pas besoin d'avoir leurs coins obscurs, les coins où s'accumule l'énergie de ce qui va advenir. Nous-mêmes, notre propre corps, nous avons des parois de verre. Ils suffit d'appuyer sur une touche pour qu'apparaissent les viscères en pleine action sur un écran.
(Crémation. Rafael Chirbes. Rivages 2009)


Si on regarde les mouvements d'argent du Nord vers le Sud et du Sud vers le Nord, on s'aperçoit que le Sud finance le Nord à hauteur de 200 millions de dollars par an.
(Susan George citée par Jean-Luc Porquet. Le canard enchaîné 23 décembre 2009)


Nous bombarderons d'abord ce pays de tracts à caractère religieux. Puis, lorsque nous aurons projeté quelque lumière dans cette jungle, nous enverrons des commandos d'instructeurs. Et enfin, une attaque générale de missionnaires ambulants, qui présenteront la Vraie Foi au travers des moyens d'information de masse : la télévision, les films, les enregistrements, les livres.
… tout le monde pouvait fourrer son nez dans les affaires de tout le monde, même les plus privées. C'était l'aboutissement de plusieurs siècles d'acharnement chrétien à se confesser.
Cette foire d'empoigne absurde (…) L'anxiété permanente, la tension et le stress (…) L'atmosphère de soupçon, de culpabilité qui s'insinue partout. La peur de la contagion (…) L'ensemble fait penser à une espèce de salle de torture géante où tout le monde s'épie, où tout le monde essaie de trouver une faiblesse chez l'autre, de le démolir. Chasse aux sorcières et tribunaux d'inquisition.
(La porte obscure. Philip K Dick. Omnibus 1994)


« Etant donné l'état actuel de l'agriculture dans le monde, on sait qu'elle pourrait nourrir 12 milliards d'individus sans difficulté. Pour le dire autrement : tout enfant qui meurt actuellement de faim est, en réalité, assassiné. »
(Jean Ziegler)


… à force de survivre aux fièvres contestataires, le système immunitaire s'est renforcé. Le protestataire et ses fausses provocations sont devenus sa nourriture. On subventionne même son développement culturel et littéraire derrière le masque des libertés apprivoisées.
Acceptable. Incolore. Conforme. Neutre. L'obéissant est un adepte de la neutralité. Aucun prétexte ne trouble l'uniformité. Et surtout jamais de scandale. L'ordre fasciste se perpétue dans la rectitude craintive de chaque citoyen : ne jamais se faire remarquer pour ne pas quitter le troupeau des « gens de bien » et des bons catholiques.
(De mémoire (2). Jan-Marc Rouillan. Agone 2009)


… les pilules miraculeuses, les bombes qui torturent ma cervelle et m'empêchent de commettre une extravagance…
(Les détectives sauvages. Roberto Bolano. Folio 2006)




"Alors nous serions obliger de vous tuer, pour ne pas mourir, et c'est dangereux maintenant, de tuer les Blancs ; il y en a trop, et ils reviennent trop vite."
Les Blancs qu'on connaît, ça veut toujours ou casser ou acheter.
(L'expédition Orénoque Amazone. Alain Gheerbrant. Gallimard 1952)


Les balles et les billets, voilà la patrie du gringo ! Et en plus il veut tout prendre. Il ne peut pas s'en empêcher. C'est plus fort que lui ! Et nous autres, l'ami, sommes piétinés par ces démons.
(El sexto. José Maria Arguedas. Métailié 2011)


Les sujets modernes peuvent donc être décrits comme n'étant astreints qu'a minima par des règles et des sanctions éthiques, et par conséquent comme étant « libres », alors qu'ils sont régentés, dominés et réprimés par un régime-temps en grande partie invisible, dépolitisé, indiscuté, sous-théorisé et inarticulé.
… dans sa forme présente, « totalitaire », l'accélération sociale mène à des formes d'aliénation sociale sévères…
… la société moderne n'est pas régulée et coordonnée par des règles normatives explicites, mais par la force normative silencieuse de normes temporelles qui se présentent sous la forme de délais, de calendriers et de limites temporelles.
(Aliénation et accélération. Hartmut Rosa. La Découverte 2012)


C'est comme une sorte d'hypnose. Ils peuvent ainsi contrôler toute une société.
(Le Maître du Haut-Château. Philip K Dick. J'ai lu 1970)


Après le Vietnam, les Indiens étaient deux fois plus susceptibles de souffrir de SPT que les soldats blancs, près de deux sur trois d'entre eux en étaient atteints. Selon les études officielles, la cause tenait à l'éloignement de la communauté, au racisme institutionnel, au taux élevé d'exposition au combat et à un « état » défini en termes assez extraordinaires, comme un « syndrome d'identification aux Viets », une incapacité à déshumaniser l'ennemi et à se défaire du sentiment tenace que ce qui arrivait aux Vietnamiens et aux Cambodgiens s'était déjà produit ailleurs.
(Ne vends jamais les os de ton père. Brian Schofield. Albin Michel 2013)


… je suis bien obligé de vivre dans votre monde imaginaire où sans fric je n'irais pas loin ! Cela signifie que je dois être double ; deux personnes à la fois vivant dans deux mondes différents.
Il y avait un grand pouvoir dans un loup, et même dans un coyote. Vous en avez fait des monstruosités, des caniches, des pékinois, des chiens d'appartement. Mais ça n'a pas marché avec le chat qui, comme l'Indien, est immuable ! Alors vous l'enfermez, le castrez, lui arrachez les griffes…
Ils jouent avec le feu sacré du soleil, le transformant en bombe atomique. Finalement, ils ne réussiront qu'à se brûler la cervelle. Comment éviter cela ? Ils pourraient l'apprendre de nous, mais ils nous jugent sans doute trop ignorants et indignes d'être écoutés.
(De mémoire indienne. Lame Deer et Jean-Jacques Roudière. 2009)


La loi de la puissance n'a jamais la patience d'atteindre l'empire du monde. Il lui faut délimiter sans tarder le terrain où elle s'exerce, même s'il faut l'entourer de barbelés et de miradors.
« Un dixième de l'humanité possédera les droits de la personnalité et exercera une autorité illimitée sur les neuf autres dixièmes. Ceux-ci perdront leur personnalité et deviendront comme un troupeau ; astreints à l'obéissance passive, ils seront ramenés à l'innocence première et, pour ainsi dire, au paradis primitif où, du reste, ils devront travailler. » (Chigalev)
Etre pour lui [Hitler], c'était faire. Voilà pourquoi Hitler et son régime ne pouvait se passer d'ennemis.
Le fascisme, c'est le mépris, en effet. Inversement, toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme.
Aussi longtemps qu'il y aura des ennemis, il y aura terreur ; et il y aura des ennemis aussi longtemps que le dynamisme sera, pour qu'il soit…
Quand l'idée d'innocence disparaît chez l'innocent lui-même, la valeur de puissance règne définitivement sur un monde désespéré. C'est pourquoi une ignoble et cruelle pénitence règne sur ce monde où seules les pierres sont innocentes.
La peur fige une Europe peuplée de fantômes et de machines. Entre deux hécatombes, les échafauds s'installent au fond des souterrains. Des tortionnaires humanistes y célèbrent leur nouveau culte dans le silence.
La liberté absolue, c'est le droit pour le plus fort de dominer.
Privés de nos médiations, exilés de la beauté naturelle, nous sommes à nouveau dans le monde de l'Ancien Testament, coincés entre des Pharaons cruels et un ciel implacable.
(L'homme révolté. Albert Camus. Folio 1951)


… les Maîtres du monde achètent les derniers espaces non attribués sous prétexte de les protéger sous forme de « Réserves naturelles ». Devenant propriétaires, ils peuvent vendre leurs parts aux entreprises qui veulent s'installer en ces lieux… (…) Ils sont peuplés de minéral, de végétal, d'animaux en voie d'extinction, et de populations humaines ! Ces écosystèmes contribuent depuis la nuit des temps à équilibrer les ressources en carbone, en eau et en oxygène de notre planète.
Tout ce qui existe dans ces espaces privatisés est dorénavant considéré comme « ressource énergétique » pour les multinationales propriétaires qui attribuent à chaque règne et à chaque espèce recensée une valeur financière. (…) ils peuvent décider d'éliminer une partie des populations, et ils le feront légalement.
(Propriété criminelle.Frédéric Gost. La Décroissance mars 2015)


… il suffirait que les moutons cessent de croire que tout ce qui leur arrive n'a d'autre raison que de leur faire atteindre leur but de moutons, il leur suffirait d'admettre que les évènements qui leur arrivent peuvent avoir des fins qui leur échappent, et ils verraient immédiatement que tout ce qui arrive au mouton engraissé est cohérent et logique.
(La guerre et la paix II. Tolstoï. Folio 1972)


Nous ne deviendrons pas comme les troupeaux de cornes-blanches que les Blancs mènent d'un endroit à l'autre.
(Comme des ombres sur la terre. James Welch. Albin Michel 2010)


Si vous remettez les pieds dans les locaux (…) pour faire des ennuis (…) et perturber le travail, vous (…) recevrez un arrêté d'internement à vie en hôpital psychiatrique.
(Les chroniques de Zhalie. Yan Lianke. Philippe Picquier 2015)


... le fascisme dépendait de la contamination et de la destruction causées par une langue à la fois faible et forte, incapable de dire la vérité, parce que planant au-dessus d’un vide qui ne peut se reproduire que par duplication. La vérité du fascisme est ce qui n’a ni preuve ni fondement, ce n’est qu’une parodie, un dédoublement éternel au-dessus du vide, un monde sans correspondance ni fin. C’est une langue qui reproduit ce qu’elle suppose que l’autre veut entendre et le séduit comme un miroir sonore. Il est difficile d’en sortir indemne. Dans le meilleur des cas, les illusions s’envolent. Dans le pire, on se noie dans une illusion mortelle, comme Narcisse dans le lac.
(Sympathie pour le démon. Bernardo Carvalho. Métailier 2016)


… les responsables européens, serrés autour du séduisant président américain, ressemblent à des chefs de service autour du patron, flattés qu'il leur parle d'égal à égal. Evidemment ils étaient d'accord sur tout, les buts, les méthodes. Naturellement la rencontre s'est déroulée en anglais. (…) le président américain n'a plus même à envisager l'hypothèse d'un discours en allemand ou d'une conversation en français avec les administrateurs des provinces éloignées.
Rien, en tout cas, dans cet échange politique, ne ressemblait à un sommet entre Etats souverains. Plutôt s'agissait-il d'une réunion de bureau entre partenaires unis par une même vision du monde et des objectifs communs. (…) Après avoir importé d'Amérique leurs conceptions économiques, leurs règles d'hygiène et de sécurité, leurs objectifs de dérégulation et de privatisation, leur sigle monétaire barré de deux traits et désormais leur langue commune, ils se ralliaient sans hésiter à une même ligne diplomatique et militaire substituée au vaseux projet d'Europe de la défense.
(La langue de l'Europe. Benoît Duteurtre. Le monde diplomatique juin 2016)


… deux conceptions de la vie : celle de l'homme considéré, non seulement comme agent de production et de progrès, mais comme esprit indépendant et comme fin en soi, et celle de la grande production industrielle enrôlant dans la conquête matérielle l'individu tout entier ?
(Les Etats-Unis d'aujourd'hui. André Siegried)


... [le Mexique], énorme place d'armes et point de départ pour la conquête de l'Amérique latine.
… un grand pays qui prétend à la suprématie mondiale, qui ne se prononce pas en droit et attend prudemment l'heure de l'action pour se décider, ne peut échapper à l'accusation de tyrannie préméditée. Moralement la situation des alliés était plus forte en 1914 qu'en 1918.
… les Etats-Unis acculent l'Europe en l'obligeant à payer les dettes de guerre, mais en élevant leur tarif douanier, de façon qu'il lui soit matériellement impossible de le faire, (…) ce dessein, aussi perfide qu'odieux, aussi inintelligent que révoltant, ne cache pas autre chose que le désir insensé de ruiner l'Europe et de la coloniser.
Depuis 1919, l'Europe tout entière a les yeux tournés vers l'Amérique, vers le gouvernement des Etats-Unis. Ce sont les volontés de ce gouvernement, ce sont ses décisions qui s'expriment dans les divers actes internationaux passés depuis cette date.
Que sont ces décisions, comment se forment ces volontés ? Elles ne sont pas le produit complexe du sentiment populaire et de la sagesse de l'élite, mais sont uniquement dictées par l'ensemble des puissances bancaires, industrielles, commerciales et agricoles.
… l'Impérialisme américain s'est contenté de considérer le haut domaine de la pensée comme un industriel considère un marché à conquérir.
Par les capitaux extrêmement importants que les Américains ont investis dans l'industrie et le commerce allemands, la vie économique du Reich est pratiquement et effectivement contrôlée par les U.S.A. comme celle d'une quelconque des républiques de l'Amérique Centrale. (…) les Américains se substituent la France en Allemagne dans le rôle que joue leur infanterie de marine en Amérique Centrale.
(L'abomination américaine. Kami-Cohen. Flammarion 1930)


Le bilan comptable [des banques systémiques] s'élevait, fin 2012, à 50 milliers de milliards de dollars, soit l'équivalent de la dette publique mondiale. Une équivalence de montants qui laisse songeur…
(Vers une banqueroute générale ? Marielsa Salsilli. Nexus juillet 2016)


… les crises économiques qui frappent les pays occidentaux depuis deux siècles sont toutes provoquées de manière artificielle par les banquiers eux-mêmes, pour détruire intentionnellement les économies indépendantes et les placer sous le contrôle des marchés mondialisés. Ces multiples crises ne sont pas dues à des aléas conjoncturels, mais à un processus de démolition contrôlé, qui permet la concentration de la richesse…
(La guerre des monnaies. Hongbing Song)


Il est appréciable que le peuple de cette nation ne comprenne rien à notre système bancaire et monétaire. Car sinon, je pense que nous serions confrontés à une révolution avant demain matin.
(Henry Ford)


Un mélange de déréglementation économique et de réglementation de la vie quotidienne achève de transformer l'Europe en province du Nouveau Monde.
(Eloge de la fermière. Benoît Duteurtre. Le monde diplomatique août 2016)


Je veux être clair avec ceux qui, à travers le monde, veulent détruire notre mode de vie (…) nous allons vous stopper et nous allons vous battre plus durement que vous ne l'avez jamais été auparavant.
(Général Mark Miley, chef d'état-major de l'armée des Etats-Unis. 4 octobre 2016)


Quel fil peut bien relier les ministres ou anciens ministres Emmanuel Macron, Fleur Pellerin et Najat Vallaud-Belkacem, la présidente du conseil régional d'Ile-de-France Valérie Pécresse, les journalistes Jean-Marie Colombani et Christine Ockrent, l'homme d'affaires Alain Minc, le banquier Matthieu Pigasse (…) ou encore l'ancien premier ministre Alain Juppé ? Tous ont effectué un passage par la French-American Foundation (…). Tout comme cinq cents autres personnalités françaises, parmi lesquelles le président François Hollande lui-même.
(Des missionnaires aux mercenaires. Jean-Michel Quatrepoint. Le monde diplomatique novembre 2016)


Le malade idéal est celui qui le reste longtemps et survit de nombreuses années au prix de nombreux traitements très onéreux.
(L'inefficacité de la recherche est-elle programmée ? Jean Labarre. Nexus mai 2017)


On peut manipuler la santé d'une population et provoquer des maladies en modifiant, par exemple, ce qu'elle mange. On peut créer ensuite un pseudo-système de soins qui en réalité empoche des milliards sur le dos de maladies relativement faciles à prévenir ou à soigner par la seule alimentation. Et avec les millions de dollars de l'industrie, on peut également discréditer toute alternative aux traitements préconisés.
(Et si nous manquions tous d'enzymes ? Mark Rojek. Nexus mai 2017)


Yves Lenoir relevait dans les années 1970 que la foire de Chicago en 1933 exhibait, sous le titre Le siècle du progrès, une « maxime totalitaire » : « la science explore, la technologie exécute, l'homme se conforme ».
(Luc Ferry, notre opposant préféré. Fabrice Flipo. La décroissance juillet 2017)


… il a fallu préalablement construire une vision du monde partagée excluant tout référent transcendant pour célébrer l'humanité créatrice et productrice. Ce processus (…) précède l'industrialisation. Il prend place à l'intérieur de la matrice chrétienne et pose les bases d'une religion séculière. (…) Ainsi l'horloge accompagne-t-elle toute l'histoire de l'industrie occidentale, car elle donne le rythme et la cadence du travail, de l'atelier et de la cité. Aujourd'hui, elle est relayée par l'ordinateur, supercalculateur et super-horloge. (…) Ainsi Dom Hugues Minguet, moine bénédictin (…) déclare-t-il : « Le monachisme bénédictin est sans doute la plus vieille multinationale du monde. Ce qui prouve que notre technique de « moine-agement » -la règle de Saint Benoît- doit être performante. » (…) Henri Saint Simon annonce le « système industriel et scientifique, qui n'est que la mise en activité du principe divin » (1821). Le créateur tout-puissant n'est plus un Dieu supracéleste mais l'homme lui-même s'autoaccomplissant. Cette vision faustienne d'une religion terrestre et rationnelle a pour guide le progrès et la promesse d'un bien-être futur. (…) Après la seconde guerre mondiale, la cybernétique, doctrine de l'action efficace grâce à l'ordinateur, s'associe au management. Comparant les humains et les machines, le cerveau et l'ordinateur, elle vise le gouvernement des hommes par le pilotage automatique, les nombres et les algorithmes… (…) Le « siliconisme » incarne ainsi l'ultime variante libéralo-libertaire d'absorption du politique par l'industrie.
(Et l'industrie naquit dans les monastères. Pierre Musso. Le monde diplomatique juillet 2017)


Un tel climat se révèle optimal pour des hommes qui ne cessent d'aller et venir entre think tanks, salles de rédaction et bureaux ministériels. Il entretient la prospérité d'une culture sous serre dans laquelle les seules idées admises comme valides sont celles qui s'échangent à la table des luxueuses conférences…
(La redoutable influence de Riyad à Washington. Daniel Lazare. Le monde diplomatique juillet 2017)


Les restructurations sans fin des départements et des services, les changements incessants de logiciels, les multiples recompositions des métiers, les mobilités systématiques et imposées, les externalisations en cascade, les déménagements successifs brouillent tous les repères et plongent les salariés dans une précarisation subjective. (…) Cette stratégie managériale (…) les plonge dans un état de dépendance par rapport aux procédures, bonnes pratiques, etc., conçues pour eux et qu'ils n'ont plus, en tant qu'apprentis à vie, de légitimité à contester. Ils sont alors dans la nécessité de s'y raccrocher, car elles font fonction de bouées de sauvetage dans un contexte où nul ne peut compter sur l'aide des autres, qui sont autant de concurrents enfermés dans les mêmes logiques.
(Imaginer un salariat sans subordination. Danièle Linhart. Le monde diplomatique juillet 2017)


… c'est dans l'indifférence que se prépare la sélection des humains dans les éprouvettes des biogénéticiens.
(Dernier pas vers la sélection humaine. Jacques Testart. Le monde diplomatique juillet 2017)


… l'espionnage est devenu un devoir patriotique.
(Le chasseur d'histoires. Eduardo Galeano. Lux 2017)


… 2 milliards d'êtres humains, soit près d'un Terrien sur trois, (…) envoient régulièrement des informations sur le réseau numérique et (…) travaillent (…) gratuitement pour [Facebook]. (En France, c'est une personne sur deux… ) (…) il y a donc des milliards d'heures de travail volontaire et gratuit…
Seuls des niveaux de soumission volontaire absolument inconnus jusqu'alors rendent donc possible ce succès capitaliste…
(La gratuité au secours de la croissance. Denis Baba. La décroissance février 2018)


[L'Intelligence Artificielle] inaugure une ère irréversible. Si on s'y engage, la décision de revenir en arrière risque de ne plus nous appartenir longtemps.
(Fermons les laboratoires. Cédric Sauviat. La décroissance mars 2018)


… cela n'a pas de sens de faire du fric pour faire du fric… Il y a eu une époque où on avait l'impression de construire quelque chose. Un pays libre, par exemple. En fait, ce n'est pas du tout ce qu'on nous demande. (…) Et surtout… le peuple n'a rien contre. On lui jette des miettes de la table des maîtres, il est ravi !
Nous sommes des monstres. Y compris à notre propre égard. nous nous mettons nous-mêmes sous le joug : donnez nous un chef, qu'il nous humilie, ça nous plaît !
(Volia Volnaïa. Victor Remizov. Belfond 2017)


Lorsque les machines, les ordinateurs et la quête du profit sont plus importants que les gens, le triptyque fatal du matérialisme, du militarisme et du racisme est invincible.
(Martin Luther King 4 avril 1967)


A l'ère de l'information, les nouveaux seigneurs promettent liberté et autodétermination alors que leurs « boîtes noires » conduisent à l'établissement d'une oligarchie numérique.
(Mettre fin au trafic des données personnelles. Franck Pasquale. Le monde diplomatique mai 2018)


Quand le coût de l'utilisation de l'ordinateur pour se reprogrammer lui-même finit par tomber bien au-dessous de celui de l'emploi de programmeurs humains, il devient possible de licencier ces derniers et d'augmenter considérablement la puissance d'optimisation (…). Reste la dernière question clé : « Qui contrôlera, ou qu'est-ce qui contrôlera, l'explosion d'intelligence [artificielle] et ses conséquences, et dans quels buts ? »
(Max Tegmark. La Recherche mai 2018)


… plus les interactions entre individus sont standardisées (…), plus « le comportement de la totalité apparaîtra aux éléments individuels qui la composent comme doté d'une dynamique propre qui échappe à leur maîtrise ».
(Grandeur et influence des réseaux sociaux. David Chavalarias. La Recherche juillet 2018)


… cette idée qu’il est possible de vivre isolé, indépendamment des autres, comme si l’enchevêtrement des vies n’avait pas d’importance. Dans le processus d’aliénation, les personnes et les choses deviennent des ressources mobiles : elles peuvent être déplacées du monde dans lequel elles vivaient, sur des distances considérables, pour être échangées contre d’autres biens vivant dans d’autres mondes, partout ailleurs.
… les plantations de canne à sucre ont servi de modèle d’organisation des usines au cours du processus d’industrialisation : construites sur le modèle des plantations, les usines n’ont pas oublié de prendre en charge la planification de l’aliénation. 
En dépossédant les peuples natifs des terres qui étaient, grâce à eux, devenues si désirables, la classe blanche des bûcherons, soldats et forestiers massacra ces forêts soigneusement clairsemées qu’ils avaient tant convoitées.
L’Amérique était le melting-pot où les immigrants pouvaient être homogénéisés pour assumer leur nouvel avenir en tant que citoyens productifs. L’homogénéisation était la condition du progrès …
(Le champignon de la fin du monde. Anna Lowenhaupt Tsing. La Découverte 2017)


Du point de vue de la logique marchande, les marchandises sont autosuffisantes. Ce sont elles les véritables acteurs de la vie sociale. Les humains n’entrent en scène qu’en tant que serviteurs de leurs propres produits. Les marchandises n’ayant pas de jambes, elles assignent aux hommes la tâche de les déplacer. Autrement, elles pourraient s’en passer complètement. 
… l’économie est devenue la finalité suprême à laquelle les autres sphères de la vie étaient appelées à contribuer et à se soumettre. (…) Le sujet moderne est précisément le résultat de cette intériorisation des contraintes sociales. On est d’autant plus sujet qu’on accepte ces contraintes et qu’on réussit à se les imposer contre les résistances qui proviennent de son propre corps et de ses propres sentiments, besoins et désirs. C’est la violence envers soi-même qui définit d’abord le sujet…
L’histoire de la « démocratisation » au cours des deux derniers siècles se résume en effet essentiellement aux efforts visant à permettre à des catégories toujours plus étendues de la population d’accéder au statut de sujet (ouvriers, pauvres, femmes, immigrés, handicapés, minorités ethniques, « minorités sexuelles »)
… il existe plus de limites que jamais, plus de murs, plus de barrières électroniques, plus d’interdits, plus de « mesures de sécurité », plus d’états d’urgence.
… le « monde sans limites » est effectivement un trait majeur de notre époque, bien qu’elle produise par ailleurs, par ricochet, la multiplication des frontières et des murs.
Cette abolition de la frontière entre travail et loisirs débouche sur une société sans repos.
(La société autophage. Anselm Jappe. La découverte 2017)


On peut de moins en moins, en somme, malgré toutes les prothèses techniques censées démultiplier nos capacités.
La violence moderne pérenne, celle qui pèse sur le temps ordinaire de la vie et le reconfigure entièrement, se reconnaît à la réduction draconienne du champ des possibles.
… du retraité dont le dossier médical ou les modalités d’épargne conditionnent toute l’existence…
(Le déchaînement du monde. François Cusset. La découverte 2018)


L'Etat et l'entreprise représentent en effet "deux produits dérivés" aux XIe - XIIIe siècles de la même matrice institutionnelle, celle de l'Eglise.
(L'ère de l'Etat-entreprise. Pierre Musso. Le Monde diplomatique mai 2019)


... et j'ai compris que le climat de l'époque n'était plus à la plaisanterie, que les périmètres de sécurité devaient s'étendre sans limites, et l'autorité se montrer, fusil à la main.
(Quartier Notre-Dame. Benoît Duteurtre. Le Monde diplomatique mai 2019)


... nous devons considérer le système industriel comme totalité organisée. Cela veut dire que, loin de déroger à la condition primitive de l'homme, il est soumis aux exigences structurales qui caractérisent les civilisations quelles qu'elles soient à travers le temps. A l'instar des modes de pensée relevés dans les sociétés archaïques, l'industrialité s'est infiltrée en chacun des niveaux de la totalité humaine...
(Pierre Legendre. Argumenta et Dogmatica. Mille et une nuits 2012)


Ils nous ont par les crédits, les dettes… Le pognon. Donc, il faut qu'on refasse tout, mais sans !
(Un an avec les gilets jaunes d'Ardèche. Pierre Souchon. Le Monde diplomatique novembre 2019)


L'argent tient sa valeur de son adoption collective. Ainsi, l'unique valeur qui reste aujourd'hui est le crédit, c'est-à-dire la croyance que tout le monde va continuer de croire à l'argent. Cesser de croire à l'argent, c'est détruire ce qui tient encore l'humanité. C'est pourquoi l'argent a un tel crédit, qui est un crédit négatif. Ne le lâchons pas, sous peine d'un écroulement généralisé.
(Jean-Luc Coudray. La décroissance décembre 2019)


Grâce au contrôle des pensées, nous sommes aujourd'hui entrés dans la plus parfaite des dictatures, une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient même pas à renverser les tyrans. Système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude.
(Le meilleur des mondes Aldous Huxley 1932)


... les gardiens misent sur notre aveuglement dans la direction où se trouve la porte ouverte.
(Solénoïde. Mircea Cartarescu. Noir sur Blanc 2019)


Ce sera le règne de l’intelligence scientifique, le plus aristocratique, le plus despotique, le plus arrogant et le plus méprisant de tous les régimes.
(Mikhaïl Bakounine)


Les religions et les Etats, les entreprises et les pays n’existent après tout que dans notre tête, dans les histoires que nous racontent nos chefs et que nous racontons à nous-mêmes. Personne n’a jamais rencontré « la France ». Personne n’a jamais serré la main à « l’Église catholique, apostolique et romaine ». Mais cela ne fait rien tant que nous avons le sentiment d’être partie prenante de telles fictions.
(Humanité. Rutger Bregman. Seuil 2020)


Depuis la Libération, il n’est pas un progrès de l’organisation capitaliste de la vie qui n’ait été précédé de sa légitimation de gauche.
(Orwell anarchiste tory. Flammarion 2020)


… le parti républicain est devenu un parti d’extrême droite, à maints égards aussi virulent que les formations autocratiques qui gouvernent actuellement la Hongrie ou la Turquie.

(Jerome Karabel. Le Monde diplomatique décembre 2020)



Aujourd'hui nous assistons à une pulvérisation de la capacité même de ne pas être d’accord, de résister et d’entendre d’autres sons de cloche. Les fondements mêmes de la possibilité de résistance sont sapés : il est plus facile de dominer ceux qui ne croient en rien, ceux qui n’ont pas de rêves, pas de passions, pas d’angoisses, pas de valeurs à revendiquer et à opposer.
(Resistenze al nanomonde. La décroissance décembre 2020)


… la bourgeoisie n’est pas concurrencée par une autre classe candidate au pouvoir. Et, en l’absence de menace monarchique ou socialiste, a-t-elle encore intérêt à la démocratie ?
(Marlène Benquet et Théo Bergeron. Le Monde diplomatique janvier 2021)


… les Etats-Unis totalisent à eux seuls 39 % de l’ensemble des budgets militaires de la planète…
(Martine Bulard. Le monde diplomatique juin 2021)


La déclaration déjà ancienne d'Henry Kissinger: "Qui contrôle le pétrole contrôle les nations, qui contrôle l'approvisionnement alimentaire contrôle les peuples", apporte l'éclairage indispensable sur un projet partagé par cette caste autoproclamée, dont le but inavoué est l'asservissement et le contrôle des foules par la dépendance, illustrée par le très fameux NSSM 200 (National Security Study Memorandum 200), ou rapport Kissinger. Répondant à une demande du président Richard Nixon et achevé le 10 décembre 1974, il a été retravaillé et adopté comme politique officielle des Etats-Unis sous la forme du NSDM 314 par le président Gerald Ford fin 1975. C'est sur ce document classifié, révélé au début des années 1990, que se sont appuyés les Etats-Unis pour asseoir davantage leur hégémonie: contrôler la population humaine, limiter le pouvoir politique des pays en voie de développement, assurer la mainmise sur les ressources naturelles étrangères, empêcher la naissance de jeunes individus hostiles à l'establishment et protéger les entreprises américaines à l'étranger de l'ingérence des nations cherchant à soutenir la croissance de leur population.
(Luc Thierry Rossi. Nexus janvier 2023)


"Nous habitons l'Olympe; l'Olympe existe et nous y sommes. Les dieux et demi-dieux ont tous les vices des hommes. Seulement, ils mangent et boivent de très bonnes choses, et rien ne leur est refusé des douceurs de la vie. Les hommes proprement dit, c'est-à-dire la majorité écrasante des êtres qui peuplent cette planète, attendent une grande part de leur bonheur possible du bon-vouloir de ces dieux et demi-dieux." 
(Pierre Moussa)


Avant l'invasion Inca, le maïs était dans la majorité des communautés andines une plante d'importance alimentaire très secondaire (...). C'est l'Etat inca qui a intensifié la culture du maïs, en la rendant possible sur une vaste échelle par un ambitieux programme de construction de champs en terrasses dans tout l'empire. Ainsi, le développement de la capacité de charge de l'habitat a été mis en oeuvre par une bureaucratie qui avait besoin d'importants surplus pour reproduire la machine étatique.
(La nature domestique. Philippe Descola. Editions de la Maison des sciences de l'homme 2019)


... pourquoi ne pas rechercher au moins l'approbation et la faveur lointaine de ces hommes éclairés qui gouvernent la Piritania: ne savait-on point que les noms des plus généreux chrétiens, recueillis par le chef-du-fisc, s'en allaient là-bas, où tous admiraient les largesses! (...) "... je suis heureux de savoir que le roi Pomaré-le-Second est digne des grandes faveurs que lui a réservées l'Eternel; qu'il s'emploie de toute sa puissance à défendre le culte, à protéger le commerce et l'industrie...".
(Les Immémoriaux. Victor Segalen. Points 1985)


Celui-là même qui se hisserait jusqu'au ciel
ne serait pas pas délivré de Varuna le Roi.
Du ciel, ses espions s'avancent vers nous ici;
avec leurs mille yeux ils voient d'un bout à l'autre de la terre.


Il est à la fois leur père et leur fils,
à la fois leur aîné et le plus jeune.
Le dieu unique est entré dans la conscience;
né en premier, il est encore à l'intérieur de la matrice.
(Hymnes spéculatifs du Véda. Louis Renou. Gallimard 1956)


Roi du Dharma, Yama est le modèle des rois qui ont pour devoir de protéger, dans leur royaume, l'ordre cosmique et social, lequel se concrétise, pour les hommes, en systèmes spécifiques d'obligations et d'observances. (...) Il est fait des moyens et modes d'action, des méthodes de coercition et de répression qui caractérisent la royauté comme pouvoir sur les hommes.
Le roi Yama est ainsi appelé parce qu'il fait régner la loi en imposant aux hommes et aux êtres la tension grâce à laquelle les choses "tiennent". Un des textes védiques où cette étymologie est mise en lumière montre Yamï associée à Yama (Yamï, en l’occurrence, étant assimilée à la terre et Yama au feu): "par ces deux, toute chose est tenue". (...) Yama est le modèle du roi. (...) le roi humain rend la justice, c'est-à-dire restaure le dharma en châtiant ceux qui ont pu le léser par leurs transgressions.
... un ensemble de prières qui ont pour effet d'orner le nouveau roi de toutes les splendeurs du cosmos et de le rendre semblable à un certain nombre de dieux. Parmi ces prières il en est une qui évoque ce roi qu'est le dieu de la mort: "Voici qu'il est devenu le souverain des êtres. La mort fait son office dans sa consécration." (...) le roi, dès lors qu'il sera consacré, (...) devra mettre à mort les êtres nocifs et protéger les bons.
"... les rois sont les époux de la terre..."
(Le jumeau solaire. Charles Malamoud. Seuil 2002)


Les hommes jouissent parfois de la compagnie des Dieux, ou des génies du monde intermédiaire (...). Mais les mortels qui ont reçu de tels privilèges deviennent des Héros, des Demi-dieux. Ils rejoignent, ce faisant, les Prophètes, ces surhommes qui eurent la révélation du Veda...
Prajapati désira conquérir les deux mondes: le monde des Dieux, et le monde des hommes.
(Mythes et légendes extrait des Brâhmanas. Jean Varenne. Gallimard 1967)


« Mercure avait beaucoup d’hommes sous son empire : où est cet empire ? Il est brisé, et les peuples qu’il dominait ont passé sous l’empire du Christ. » (Augustin)
(Le culte de Mercure en Afrique. Nacera Benseddik. Tautem 2024)


Le prince occupe la position dominante et ses ministres la position subordonnée ; il en est de même des positions respectives du père et du fils, du frère aîné et du cadet, du vieillard et du jeune homme, de l’homme et de la femme, de l’époux et de l’épouse. Maître et serviteur, premier et second, tels sont respectivement le ciel et la terre.
Si un prince porte la mort chez ses voisins et s’approprie leurs terres pour accroître sa richesse et son influence sans savoir si sa guerre est un bien, où donc est sa victoire ?
(Oeuvre complète. Tchouang-tseu. Gallimard 1969)


Les enfants ont été témoins du bombardement de leur maison et de leur école, ont vécu la perte d'êtres chers et ont été déplacés ou séparés de leur famille alors qu'ils fuyaient pour se mettre en sécurité. L'ampleur du déplacement est vertigineuse: 1,9 million de Palestiniens de Gaza, soit environ 90% de la population totale du territoire, ont été contraints de fuir, souvent à plusieurs reprises. On estime que 17.000 enfants à Gaza sont non accompagnés ou séparés de leurs parents, ce qui les expose à un risque accru d'exploitation, d'abus et d'autres violations graves de leurs droits.
«Ce rapport montre que Gaza est l'un des endroits les plus horribles au monde pour les enfants», affirme Helen Pattinson, directrice générale de War Child UK. Outre la destruction des hôpitaux, des écoles et des maisons, une série de destructions psychologiques «ont causé des blessures invisibles mais tout aussi destructrices chez des enfants qui ne sont pas responsables de cette guerre», ajoute-t-elle.
Les conséquences des traumatismes vécus par ces enfants s'étendent bien au-delà de l'enfance. Les réactions traumatiques peuvent se manifester de diverses manières: une détresse émotionnelle, de l'anxiété, des changements de comportement, des difficultés relationnelles, une régression, des troubles du sommeil, des problèmes d'alimentation, ou encore des symptômes physiques. Le sentiment d'être condamné est devenu omniprésent. Presque tous les enfants (96%) ont l'impression que leur mort est imminente et 49% souhaitent réellement mourir.
(Slate. Solveig Blakowski – 12 décembre 2024)


Cuzco, le 24 septembre 1572. (…) Enchaîné et escorté par des soldats, un prisonnier monte sur l’échafaud qui a été dressé à la vue de tous et on le couche sur le dos, toujours entravé. (…) le bourreau s’approche du condamné, applique sa grande lame sur sa gorge et l’enfonce violemment à coups de maillet, jusqu’à séparer la tête du corps. (…) Tupac Amaru, le dernier empereur inca, vient d’être exécuté.
(Les Incas. Peter Eeckhout. Taillandier 2024)


… les hommes doivent être durs comme des rois pour se donner des ordres à eux-mêmes.
 … on fait tout cela pour être dieu soi-même et pour représenter le dieu, selon une conception qui remonte, dit-on, à l’époque du mithraïsme.

… ce sont les « Sept Sages » (…) qui ont « jeté les bases », les « fondements » de la ville d’Uruk, alors que les remparts en « brique cuite » ont été construits par l’homme-dieu Gilgamesh qui en est le Roi…« … appelant le premier, il lui donna cet ordre :« Où que tu ailles faire rage, sois sans égal ! »(…)au sixième : « Déambule partout, sans épargner personne ! » ;et le septième, il le chargea de venin de Dragon :« Anéantis toute vie ! », lui dit-il. (…) »

(Le matin des dieux. Salvatore D’Onofrio. Editions Mimésis 2018)


Selon des documents obtenus par le Washington Post, Google a activement œuvré pour fournir à l'armée israélienne un accès à sa technologie d'intelligence artificielle dès les premières semaines du conflit à Gaza. Ces documents internes révèlent que le géant technologique collabore directement avec le ministère de la Défense israélien et Tsahal, (…). Les documents mentionnent des projets au sein de la division cloud de Google, indiquant que le ministère israélien souhaitait étendre urgemment son utilisation du service Vertex, permettant aux clients d'appliquer des algorithmes d'IA à leurs données. Un employé de Google avait d'ailleurs averti que sans un accès rapide supplémentaire, Tsahal pourrait se tourner vers Amazon, concurrent également impliqué dans le contrat Nimbus. Un document daté de mi-novembre 2023 montre qu'un employé de Google remercie un collègue pour son aide concernant une demande du ministère de la Défense.
(i24NEWS 22 janvier 2025)


Comme le révélait le média Axios, jeudi 23 janvier, les forces paramilitaires de trois entreprises privées, spécialisées dans la sécurité, devraient être déployées à Gaza dans les jours qui viennent, durant la première phase du « cessez-le-feu ». Provisoirement à l’abri des bombes, les Gazaouis seront ainsi soumis au contrôle d’une force policière au service d’Israël, dirigée par l’Egypte et les Etats-Unis. (…) Après l’invasion israélienne et le génocide , le « cessez-le-feu » imposera aux Gazaouis de subir le joug de puissances étrangères qui les déposséderont toujours plus de leur liberté de mouvement dans une Gaza dévastée, ceinturée par les forces israéliennes au nord, au sud et à l’est. D’après les sources d’Axios, d’autres forces pourraient assurer la « pacification » de l’enclave en plus de ces trois entreprises privées, dans un avenir plus ou moins proche. Si les futurs occupants de l’enclave ne sont pas encore connues et si la durée du cessez-le-feu, déjà violé à de multiples reprises par Israël qui a déjà tué 112 Palestiniens depuis son entrée en vigueur, est provisoire, une chose est sûre : les survivants de la guerre génocidaire de Tsahal à Gaza auront de nouveaux maîtres. Comme le soulignait Dana el-Kurd, chercheuse à l’Arab Center Washington, auprès de l’Orient-le-Jour, « (…) nous ne savons pas si les troupes sur place seront internationales, s’il y aura des observateurs internationaux, si Israël le permettra. (...)». Bien que les bombes ont cessé de pleuvoir sur Gaza, le cessez-le-feu n’a rien d’une victoire pour les Palestiniens. Déjà dépossédés du droit de vivre comme ils l’entendent, à peine quelques jours après l’entrée en vigueur des accords, harcelés par les snipers israéliens qui continuent de faire de Gaza leur terrain de chasse, les Palestiniens vivent dans la peur permanente de la reprise des combats.

(Laure Madat. Révolution permanente 24 janvier 2025)


… j’ai voyagé en avion avec deux ministres libériens qui se rendaient à New York. (…) Dignes et d’allures un peu désuète, effacés, trop effacés, ils retrouvaient un réflexe de défense, dans l’attente d’affronter une société capable de les écraser dans toutes les acceptions du mot. (…) Je retrouve, en consultant mes notes d’archives, des extraits de comptes rendus où figurent des phrases mêmes de certains communiqués des dernières campagnes indochinoises et nord-africaines : « Lutte continuelle dans la brousse, contre un adversaire extrêmement mobile (…). » Si la révolte du faible n’a guère varié dans sa tactique, nous nous sommes pervertis au point de ne plus vouloir reconnaître à celui-ci la qualité      d’« adversaire » qu’à cette époque nous ne lui contestions pas.
(Afrique ambiguë. Georges Balandier. Plon 1957)


… après avoir obligé les chefs Gaulois à se soumettre à son autorité (…), l’empereur Auguste a adopté le vieux système méditerranéen de la « cité-état » (civitas) qui imposait à chaque peuple un centre urbain pour contrôler, par l’intermédiaire de ces élites fidèles à Rome (plus que par l’administration romaine), la gestion d’un territoire, ici avec le statut « stipendiaire », c’est-à-dire soumis à l’impôt.
(Carte archéologique de la Gaule. Le Maine-et-Loire. Provost Leroux. Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. 2025)


Dans le camp de Sissonne, des soldats français et britanniques s’entraînent au combat urbain (…). Déployés sur le camp de Sissonne, au nord de la ville de Reims, pour deux semaines, 170 légionnaires de la 13e DBLE (Demi-brigade de la Légion étrangère) et autant de militaires du régiment Royal Welsh s’appuient mutuellement pour s’emparer de cette bourgade de 5000 habitants reconstituée avec son quartier pavillonnaire, son centre-ville, sa zone industrielle et ses affiches à l’iconographie soviétique. (…) Et avec l’Ukraine mais aussi Gaza, les enseignements sont multiples (…) « Bien sûr qu’on suit l’actualité comme tout le monde, reconnaît le colonel Brunet, on est prêt à partir (…) dès ce soir s’il le faut et ce genre d’exercice permet d’être au plus près de ce qu’il se fait actuellement dans les conflits. » (Philippe Chapleau. Ouest France 24 avril 2025)


… on use de l’animal avec ces façons gratuitement bourrues dont use le policeman américain envers toute personne (excepté les gens comme il faut) qui se trouvent à sa merci…
(Louons maintenant les grands hommes. Agee/Evans. Plon 2017)


D’après l’armée israélienne citée par le Times of Israel, la prolongation de cette offensive aurait pour but d’occuper, d’ici deux mois, 75 % du territoire de Gaza, dont les quelque 2 millions d’habitants seraient alors regroupés "dans trois petites zones", représentant au total 25 % de l’enclave.
(…) la "Fondation humanitaire pour Gaza", dont le responsable a déjà démissionné au motif qu’elle ne pourra pas fonctionner, selon lui, "tout en respectant les principes humanitaires d’humanité, de neutralité, et d’indépendance". Cette organisation a elle-même "engagé des contractants privés pour assurer la logistique et la sécurité de centres de distribution" et "permettre l’acheminement d’aide, sans qu’elle tombe aux mains" du Hamas. D’après Libération, deux entreprises ont été retenues : la première, fondée par un ex-responsable de la CIA passé notamment par une entreprise militaire issue de la fusion de plusieurs autres, dont Academi, ex- Blackwater, rendue célèbre par ses exactions en Irak et en Afghanistan. La deuxième, créée par un ex-membre des forces spéciales américain se définissant comme un "dégénéré qui a rejoint l’armée pour infliger de la douleur aux gens qui en ont infligé" à son pays, selon Haaretz, également cité par Libé. (…) "Gaza, met en garde Jean-Pierre Filiu, est désormais livrée aux apprentis sorciers du transactionnel, aux artilleurs de l’intelligence artificielle et aux charognards de la détresse humaine. Gaza nous laisse entrevoir l’abjection d’un monde qui serait abandonné aux Trump et aux Nétanyahu, aux Poutine et aux Hamas".
("Gaza, l'abjection d'un monde abandonné aux Trump et aux Netanyahu". France 24 26 mai 2025)


En étudiant [les principaux dieux anthropomorphes groupés] en collège, l’on a discerné, depuis longtemps, qu’[ils] correspondaient aux générations successives de souverains mythiques et que le collège, lui-même, offrait l’image idéale d’une dynastie où la succession s’opère d’héritier en héritier. L’humain renvoie bien, ici, à la fonction royale et au culte ancestral. 
La médiation qui s’exerce entre les dieux et les hommes, au travers du roi qui y accomplit les rites nécessaires au maintien de l’équilibre universel et à la récurrence harmonieuse des phénomènes cosmiques, suffit à la raison d’État, mais l’individu y trouve de moins en moins la réponse à ses interrogations personnelles.
… la lente transformation des traditions politiques romaines en une politique du spectacle ou un spectacle du politique, entièrement imprégnés de l’image sacrée.
… le général en chef triomphant était non seulement le magistrat suprême – ou un ancien magistrat suprême – de la République, mais l’une des personnalités les plus puissantes sur l’échiquier politique, et l’ancêtre direct de ceux qui adoptèrent comme prénom le titre d’imperator que les soldats lui accordaient sur les champs de bataille : les empereurs.
… les Romains ont progressivement transféré sur l’empereur la symbolique de la souveraineté jovienne. (…) le prince devenait progressivement la figure animée de son propre principe d’action, préparant ainsi une nouvelle mutation. Spectacle de la souveraineté jovienne, puis spectacle de sa propre puissance quasi divine, l’empereur finira par incarner, lorsque dans l’Empire chrétien dieux et hommes auront été définitivement séparés, le spectacle de son investiture par Dieu.
C’est le même principe d’accumulation du capital divin que mettaient en œuvre les rois de Segu en confisquant les boli de tous les groupes vaincus de manière à se constituer ainsi, de guerre en guerre, une sorte d’énorme bazar de dieux à lui seul éminemment plus divin que tous les dieux des autres. On voit pointer là ce que pourrait être, par passage à la limite, une définition « fétichiste » du « Dieu unique », une entité à ce point singulière que sa description demanderait un temps infini.
« Maro éleva sa voix et fit entendre sa colère : « (…) D’où viennent donc ces dieux, qui sont donc ces dieux qui ne se soumettent pas à l’œuvre civilisatrice du souverain ? » Il ordonna aux paysans soumis à la corvée : « Tout ce qui se voit, poissons, insectes, etc., sans crainte et sans hésitation, tuez tout ! » Il avait à peine fini de parler que les serpents maléfiques s’enfuirent se cacher. »
(Corps des dieux. SSLD Malamoud/Vernant. Gallimard 1986)


Comme l’hébraïque, la religion byzantine fut religion de la puissance. Une puissance qui voit, qui juge, qui écrase. Le Christ est le chef d’une armée de soldats, immatériels et matériels, qui des novices aux séraphins quadrillent l’espace religieux de l’âme grecque. (…) Contre les monstres et les barbares de la terre, ils mènent la même lutte que les anges et les archanges contre les démons de l’éther.
Quand [Byzance] combat ses ennemis aux frontières de l’empire, elle ne livre pas une simple guerre contre des adversaires appartenant au même monde ou au même ordre humain. Elle seule incarne le véritable monde, les autres peuples, ennemis du Christ, étant un faux monde, ou mieux un anti-monde encerclant l’empire de vérité.
Elles ont conscience de leur misère et elles savent bien qu’elle ne changera pas. Mais elles croient en l’intercession, en cet homme venu jusqu’à elles et qui connaît ministres et puissants. Il ne changera rien mais il soulagera peut-être. Et lui, pris à son jeu (ou faisant semblant, je ne sais) les écoute dans le soir comme un prêtre au confessionnal.
(L’été grec. Jacques Lacarrière. Plon 1975)


Le 16 février 2022, devant la même commission du Sénat, Hala Abou Hassira alertait déjà sur l’occupation militaire israélienne, la colonisation et le blocus à Gaza qui annihilaient toute perspective politique de résolution du conflit. Trois années plus tard, l’ambassadrice indique que la situation a désormais « dépassé le stade de s’alerter » et a tenu à souligner « l’impératif d’agir » devant les « crimes de guerre d’Israël à Gaza et en Cisjordanie ». (…) Désormais, seulement quatre sites permettent une distribution de l’aide alimentaire contre plus de 400 lorsque les Nations Unies assuraient ce service. (…) Au cours de ces distributions, près de 500 personnes auraient été tuées.
« La famine est utilisée comme une arme de guerre, c’est donc un crime de guerre », alerte l’ambassadrice. « La distribution de l’aide alimentaire est utilisée comme un véritable piège de la mort ». Face à cette situation qu’elle qualifie « d’apocalyptique » avec une population « condamnée à une mort lente et imminente », elle appelle de ses vœux les Etats et les organisations internationales à prendre leurs responsabilités.
(Public Sénat. Marius Texier 02/07/2025 à 18:13 )


Une récente enquête rétrospective de mortalité menée auprès du personnel de Médecins Sans Frontières (MSF) et leurs familles à Gaza révèle l'effroyable taux de mortalité résultant de la guerre totale menée par Israël, en particulier chez les enfants, et corrobore les chiffres fournis par le ministère de la Santé de Gaza. Par rapport aux estimations de ce dernier datant d'avant le 7 octobre 2023, le taux de mortalité est cinq fois plus élevé au sein de l’échantillon étudié. Pour les enfants de moins de cinq ans, la mortalité a été multipliée par dix. Pour les bébés de moins d'un mois, le taux de mortalité est six fois plus élevé. (…) Les trois quarts des décès sont dus à des blessures de guerre, et la grande majorité d'entre elles ont été causées par des explosions. 48% des personnes décédées à la suite d'une explosion sont des enfants et 40% d'entre eux avaient moins de 10 ans lorsqu'ils sont morts.
« Ce mépris pour la vie des enfants montre qu’Israël mène une guerre contre tous les Gazaouis. Les enfants de Gaza sont décimés », a déclaré Amande Bazerolle, responsable adjointe des programmes d’urgences de MSF. (…) Selon l'étude, le nombre de décès attribuables à d’autres causes que les blessures de guerre a également augmenté. Les résultats montrent que deux tiers des personnes souffrant d'une maladie chronique ont subi une ou plusieurs interruptions de traitement. Ces chiffres mettent en lumière les conséquences de la campagne israélienne de destruction systématique du système de santé et des moyens de subsistance des Palestiniens à Gaza.
(MSF 9 juillet 2025)


Certains auteurs avancent l’idée que koto-age aurait été rejeté à la suite du renforcement de la puissance politique de l’empereur, et l’ancien rite local adressé à une divinité indifférenciée, remplacé par koto-age à l’adresse de l’empereur déifié possédant une force protectrice.
C’est à la fin de l’époque féodale, quand le Japon subit la pression de l’étranger, que l’idéologie du shinkoku, « pays des kamis », prit définitivement un coloris politique [« expulsion des barbares »]…
(La sieste sous l’aile du cormoran. H.O. Rotermund. L’harmattan 1998)